RDC : les stocks du Programme alimentaire mondial pillés à Bukavu, sous le contrôle du M23
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Alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris possession de Bukavu, la deuxième grande ville de l’est de la RDC à tomber entre les mains du groupe armé en moins d’un mois, une agence humanitaire de l’ONU a dénoncé le pillage de ses stocks de denrées alimentaires dans cette capitale de province.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a condamné, dans une série de publications sur le réseau social X, le pillage de ses entrepôts à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu et deuxième grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) à tomber entre les mains des rebelles du M23 et leurs alliés rwandais, après la prise de contrôle, fin janvier, de Goma, la capitale de la province voisine du Nord-Kivu.
«Les denrées alimentaires stockées étaient destinées au soutien vital aux familles les plus vulnérables qui sont confrontées à une crise humanitaire croissante», a protesté l’agence humanitaire onusienne, soulignant que l'accès à la nourriture était de plus en plus difficile. «Nous appelons d'urgence toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des travailleurs humanitaires», a déclaré le PAM.
Le Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis, mettait l’accent, le 13 février, sur l’absence de routes humanitaires alternatives dans cette région tombée aux mains des rebelles. Le responsable indiquait notamment que l'aéroport de Kavumu, à une trentaine de kilomètres de Bukavu, qui était auparavant la principale voie d'acheminement de l’aide et du personnel humanitaire au Sud-Kivu, n’était désormais plus disponible.
Des centaines de milliers d’enfants déscolarisés
Pendant ce temps, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué, le 17 février, qu’environ 330 000 enfants supplémentaires étaient désormais privés d’éducation, du fait de l’intensification des combats dans l’est de la RDC. L’UNICEF a indiqué que, depuis le début de l’année, l’escalade du conflit avait engendré la fermeture de plus de 2 500 écoles et espaces d’apprentissage au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, y compris dans des camps de déplacés.
L’agence onusienne a indiqué qu’au total, 795 000 enfants étaient désormais privés d’éducation, soit 330 000 de plus qu’en décembre 2024. L’UNICEF a appelé, dans un communiqué, à prendre des mesures d’urgence pour sauver l’année scolaire des enfants concernés. Dans le cadre de son appel humanitaire global, l’UNICEF demande 52 millions de dollars pour répondre aux besoins éducatifs urgents de 480 000 enfants en RDC.
Depuis le début de l’année, le M23 a lancé des opérations de grande envergure dans les régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, avec l’appui des forces armées du Rwanda. Cette offensive a permis aux rebelles, munis d'artillerie lourde, d’étendre de manière significative leur territoire par la prise de plusieurs villes en l’espace de quelques semaines, y compris la stratégique cité de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, et la non moins importante ville de Bukavo, capitale du Sud-Kivu.
Absence de coopération du Rwanda
Alors que l’armée de Kinshasa, appuyée par la mission de la Communauté de développement d'Afrique australe en RDC (SAMIDRC) et la Mission de l’ONU (Monusco), tente de contenir les rebelles, les efforts diplomatiques, tels que le processus de Luanda parrainé par l’Angola ou les récentes tentatives de médiation du Kenya, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda.
Tandis que Kinshasa accuse Kigali de renforcer sa présence armée dans l’est de la RDC, et que des pays voisins accusent le Rwanda de déstabiliser toute la région, le président rwandais Paul Kagame affirmait à CNN le 3 février «ne pas savoir» si des troupes de son pays étaient présentes en RDC. Il avait refusé auparavant de participer à une réunion tripartite le 15 décembre dernier en Angola, censée établir une feuille de route vers la paix.
La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre meurtrière provoquée par la rébellion du M23, actif au Nord-Kivu, dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement.