Sénégal : levée d’immunité pour deux ex-ministres soupçonnés d’irrégularités dans l'affaire du Fonds COVID-19

L’Assemblée nationale sénégalaise a voté ce vendredi 2 mai la levée de l’immunité parlementaire de Moustapha Diop et Salimata Diop. L’ex-ministre du Développement industriel et l’ex-ministre de la Femme sont visés par des enquêtes judiciaires liées à la gestion du Fonds COVID-19 durant leur passage au gouvernement.
L’Assemblée nationale du Sénégal a levé vendredi 2 mai l’immunité parlementaire des députés Moustapha Diop et Salimata Diop, tous deux cités dans une affaire de malversations présumées liées à la gestion du Fonds COVID-19, rapporte l’Agence de presse sénégalaise (APS). La décision a été prise à une large majorité, sur la base des conclusions des commissions ad hoc chargées d'examiner la demande.
Moustapha Diop, alors ministre du Développement industriel et des PME, est mis en cause dans l’utilisation d’une enveloppe de 2,5 milliards de francs CFA (plus de trois millions de dollars) destinée à l’acquisition de masques, selon un rapport parlementaire présenté par la députée Marie Angélique Mame Selbé Diouf.
Salimata Diop, qui dirigeait à l’époque le ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, est également concernée. La Cour des comptes indique que ce ministère a perçu 150 millions de francs CFA (environ 260 000 dollars), mais que plus de 36 millions de fracs CFA (plus de 62 000 dollars) ont été justifiés par des pièces déjà utilisées pour d’autres dépenses antérieures, notamment pour la caisse « aide et secours ».
Les conclusions de la Cour pointent des « présomptions graves et concordantes » à l’origine de la requête judiciaire. La levée d’immunité ouvre ainsi la voie à l’instruction judiciaire contre les deux élus, conformément à l’article 52 du Règlement intérieur de l’Assemblée. Seuls les responsables des commissions, les députés concernés ou leur défenseur, ainsi qu’un orateur contre, ont été autorisés à s’exprimer au cours de la séance, précise encore l’APS.
Lutte contre l’impunité
La levée d’immunité de Moustapha Diop et Salimata Diop intervient dans un moment de transition politique marqué par la volonté affichée par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko d’instaurer une gouvernance plus rigoureuse et une justice indépendante.
L’affaire, qui concerne des irrégularités supposées dans la gestion de fonds publics durant la pandémie, touche deux personnalités de l’ancienne majorité sous le gouvernement de Macky Sall.
Pour le nouveau pouvoir, cette procédure judiciaire est perçue comme un signal adressé à l’opinion publique, longtemps frustrée par l’impunité des élites. Elle intervient alors que le pays tente de restaurer la confiance dans les institutions après une décennie de tensions politiques et de soupçons récurrents de détournements au sommet de l’État.
Elle s’inscrit notamment dans une ligne politique fondée sur la transparence, la redevabilité et la lutte contre la corruption, martelée dès les premières semaines du quinquennat du tandem Faye-Sonko.