Confrontée à une crise énergétique, l'Allemagne anticipe une récession en 2023
- Avec AFP
Selon une étude de l'Institut de conjoncture économique allemand IFO le produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne devrait reculer de 0,3% en 2023 en raison de l’inflation et du manque de gaz russe.
«Nous glissons vers une récession hivernale», estime Timo Wollmershäuser, directeur des études conjoncturelles de l’Institut de conjoncture économique IFO, l'un des plus influents en Allemagne, qui abaisse ainsi de 4 points sa précédente prévision de juin et prévoit un recul de 0,3% du PIB en 2023.
Par ailleurs, l'IFO table désormais sur une récession technique au premier trimestre 2023, avec une chute de 0,4% du PIB, après un recul de 0,2% au quatrième trimestre 2022. En cause : les «baisses de fourniture de gaz russe intervenues cet été [et] les hausses de prix importantes qui en résultent». Selon lui l'inflation devrait ainsi grimper à 9,3% l'année prochaine, après 8,1% en 2022, a-t-il ajouté.
Gazprom a réduit drastiquement ses livraisons de gaz ces derniers mois vers l'Allemagne, à travers Nord Stream, avant de les arrêter début septembre, invoquant des problèmes techniques liés aux sanctions occidentales. De leur côté, les membres de l'Union européenne, dont l'Allemagne, accusent régulièrement Moscou de se servir du gaz comme d'un moyen de pression, en réduisant à plusieurs reprises les livraisons de gaz vers l'Ouest.
L'Allemagne, qui s'approvisionnait à 55% en Russie avant l'offensive militaire en Ukraine, doit se fournir ailleurs, à des prix beaucoup plus élevés. Ces tensions ont donc fait exploser les prix du gaz et de l'électricité en Europe, faisant flamber l'inflation. Et selon l’IFO le mouvement devrait se poursuivre car «Les fournisseurs d’énergie ajusteront sensiblement leurs prix de l’électricité et du gaz [...] en particulier au début de 2023».
Vers une inflation à deux chiffres au premier trimestre 2023
Le président de la Banque centrale allemande Joachim Nagel a lui aussi jugé «possible» que l'Allemagne glisse dans la récession dès les deuxième et quatrième trimestres de cette année, et y reste aussi jusqu'en début d'année prochaine, dans une interview donnée le 11 septembre à la radio allemande Deutschlandfunk.
L’IFO prévoit aussi que le taux d'inflation montera à environ 11% au cours du premier trimestre 2023, affectant sévèrement le pouvoir d'achat des ménages. En outre, il estime que le troisième plan de mesures pour aider les plus démunis, adopté début septembre par le gouvernement allemand, ne pourra pas compenser la perte de pouvoir d'achat prévue.
Ainsi, selon Timo Wollmershäuser «le recul des salaires réels, d'environ 3% cette année ainsi que l'année prochaine, sera le plus élevé depuis l'introduction des comptes nationaux en 1970». Mais selon l’économiste, la situation pourrait se «normaliser» en 2024 avec «une croissance de 1,8% et une inflation de 2,5%».