Washington menace de sanctions tous les pays qui continueront d'acheter du pétrole iranien
- Avec AFP
Les Etats-Unis ont décidé de passer à la vitesse supérieure contre l'Iran. Washington entend désormais prendre des sanctions contre tout pays, y compris ses alliés, qui continuerait d'acheter l'or noir iranien après le 2 mai.
Les Etats-Unis ont encore renforcé ce 22 avril leur campagne de «pression maximale» pour faire plier l'Iran, leur ennemi numéro un au Moyen-Orient, en annonçant des sanctions contre tout pays qui continuerait d'acheter du pétrole iranien, au risque de susciter des tensions avec ses alliés.
Le président américain, Donald Trump, a en effet décidé de mettre fin dès le 2 mai aux dérogations qui permettaient encore à huit pays (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie et Grèce) d'importer du brut iranien. La Maison Blanche affirme que cette décision a pour but de «porter à zéro les exportations» et «priver le régime de sa principale source de revenus».
Pour Téhéran, les sanctions américaines sont «illégales»
En réaction, l'Iran a jugé «illégales» les sanctions américaines à son encontre. «Puisque les sanctions en question sont illégales dans leur principe même, la République islamique d'Iran n'avait attaché et n'attache aucune valeur ni aucune crédibilité aux dérogations accordées relativement aux dites sanctions», a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué, tout en affirmant que Téhéran continuait de «discuter en permanence» de ces questions avec ses partenaires, notamment européens.
La décision américaine, qui a immédiatement provoqué une forte hausse des cours du pétrole, est particulièrement délicate pour Pékin, engagé dans de complexes négociations commerciales avec l'administration Trump, et pour New Delhi, allié stratégique des Etats-Unis et troisième importateur mondial de pétrole – et dont environ un dixième des achats vient d'Iran. «Si vous ne respectez pas [l'interdiction], il y aura des sanctions», a mis en garde le chef de la diplomatie des Etats-Unis, Mike Pompeo.
Ankara et Séoul réticents, Riyad prêt à compenser la baisse de l'offre iranienne en pétrole
La Turquie et la Corée du Sud, autres alliés de Washington, ont vivement déploré la décision américaine. «Nous n'accepterons pas de sanctions unilatérales et de contraintes sur la manière dont nous gérons nos relations avec nos voisins», a ainsi lancé le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, dont le pays entretient déjà des relations très tendues avec l'administration américaine.
La diplomatie sud-coréenne a elle promis de continuer jusqu'au bout «à faire tout son possible» pour obtenir un «renouvellement de l'exemption».
Donald Trump a par ailleurs promis que l'Arabie saoudite et d'autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, comme les Emirats arabes unis, feraient «plus que compenser» la baisse de l'offre de brut. Le gouvernement saoudien s'est aussitôt dit prêt à «stabiliser» le marché. Selon l'agence spécialisée S&P Global Platts, l'Iran a exporté en moyenne 1,7 million de barils par jour en mars, dont près de 628 000 vers la Chine et plus de 357 000 vers l'Inde.
Ce durcissement américain envers l'Iran a lieu deux semaines après une annonce symbolique : l'inscription des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, sur la liste noire américaine des «organisations terroristes».
Après s'être retiré il y a près d'un an de l'accord international de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique et jugé trop laxiste par Donald Trump, Washington a rétabli en novembre de dures sanctions économiques contre la République islamique et accompagné cette décision de la menace de mesures punitives contre les pays qui continueraient malgré tout de commercer avec l'Iran.
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