Explosion des séjours en pédopsychiatrie : une crise alarmante en 2024

En 2024, les séjours en pédopsychiatrie dans les hôpitaux publics français ont dépassé de 32% les prévisions initiales. Une hausse préoccupante, accompagnée d’une augmentation de 25% des hospitalisations liées à la toxicologie et à l’alcool chez les 5-19 ans.

L’année 2024 a marqué un tournant inquiétant pour la santé mentale des enfants et des jeunes adultes en France. Une étude récente de la Fédération hospitalière française (FHF), publiée le 25 mars et largement relayé dans la presse spécialisée, révèle une explosion des séjours en pédopsychiatrie dans les hôpitaux publics, avec des chiffres dépassant de 32% les estimations initiales.

Cette augmentation, qui touche particulièrement les 5-19 ans, s’accompagne d’une hausse de 25% des prises en charge liées à la toxicologie, aux intoxications volontaires et à l’alcool. Ces données dressent le portrait d’une jeunesse en détresse et d’un système de santé sous pression.

Le confinement dans l’équation médicale

Chez les 10-14 ans, les séjours en psychiatrie MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) ont bondi de 29% par rapport aux prévisions, tandis que les 15-19 ans affichent une hausse de 41% et les 20-24 ans de 49%. Les hospitalisations pour dépendance et alcoolisme ne sont pas en reste : elles ont dépassé de 62% les attentes chez les 10-14 ans et de 17% chez les 15-19 ans. «L’impact du Covid et des confinements successifs a probablement joué un rôle dans cette dégradation», avance Arnaud Robinet, président de la FHF et maire de Reims, interrogé par Le Figaro. Il évoque une période «très marquante pour beaucoup d’enfants et d’adolescents», dont les effets se font encore ressentir.
En novembre déjà, une étude révélait que près d'un jeune sur deux aurait déjà vécu un épisode dépressif en France.

Un système de santé fragilisé

Une enquête menée par la FHF en février 2025 avec Ipsos corrobore ce constat : 47% des Français en besoin de soins psychiatriques déplorent des délais d’attente trop longs, 41% peinent à obtenir un rendez-vous et 36% subissent des interruptions dans leur suivi.

Le système de santé, déjà fragilisé, peine à absorber cette vague. «La psychiatrie est le parent pauvre du système depuis des années», déplore Arnaud Robinet. Les services hospitaliers sont «saturés», les centres médico-psychologiques (CMP) publics en «grandes difficultés». Face à cette crise, il appelle à un «effort soutenu sur dix ans» et à une refonte de l’offre de soins, avec des moyens renforcés pour les CMP, qu’il voit comme le «socle» de la prise en charge. Sans cela, la situation risque de s’aggraver encore. En 2024, la santé mentale des jeunes est devenue un défi majeur d’autant que l’ancien Premier ministre Michel Barnier avait fait de la santé mentale la grande cause nationale de l’année 2025.