Droits TV de la Ligue 1 : le football français menacé par le fiasco DAZN

La rupture entre la LFP et le diffuseur DAZN, marquée par des tensions financières et judiciaires, expose les failles de la Ligue 1. Face à ce fiasco, la France pourrait s’inspirer des modèles anglais et allemand pour redynamiser son championnat.
La Ligue de football professionnel (LFP) traverse une crise sans précédent avec son diffuseur principal, DAZN. Le 15 avril, le conseil d’administration de la LFP a voté la rupture du contrat de 400 millions d’euros annuels qui confiait à DAZN huit matchs par journée de Ligue 1 jusqu’en 2029. Mais DAZN, refusant les conditions financières (140 millions d’euros pour la saison en cours et une indemnité de 110 à 125 millions), engage un bras de fer judiciaire, réclamant 573 millions pour « tromperie sur la marchandise » et conditions d’exploitation difficiles, notamment le piratage. Ce fiasco qui couvait depuis plusieurs mois, succédant à l’échec Mediapro en 2020, révèle les fragilités du football français.
Un produit dévalorisé et une gestion calamiteuse
La Ligue 1 souffre d’une dévalorisation chronique. Avec 500 000 à 700 000 abonnés, DAZN est loin des 3,5 millions de Canal+ ou des 1,2 million d’Amazon. La domination du PSG, champion dans 90 % des cas, réduit l’enjeu sportif, rendant le produit moins attractif.
Le journaliste sportif spécialiste du football Daniel Riolo s’est ainsi interrogé sur le réseau social X le 15 avril : « Mais qui dirige quoi en fait ? ».
Hier soir plusieurs présidents importants de L1 étaient encore persuadés de continuer avec DAZN. Finalement 0 accord. Mais qui dirige quoi en fait ?
— Daniel Riolo (@DanielRiolo) April 15, 2025
Et pour cause la gestion des droits télévisés est bien mieux gérée dans d’autres pays.
La Premier League anglaise, valorisée à 4 milliards d’euros, et la Bundesliga allemande, à 1,2 milliard, bénéficient d’une compétitivité et d’une répartition équilibrée des droits TV. En Angleterre, l’écart entre Manchester City (196 millions d’euros) et Southampton (148 millions d'euros) est modeste, tandis qu’en France, le PSG encaisse 165 millions contre 5 millions pour Le Havre. Cette inégalité fragilise les clubs moyens, menacés de dépôts de bilan.
L’Allemagne offre une leçon précieuse. Après la faillite de Kirch en 2001, la Bundesliga a rebondi en investissant dans des stades modernisés, la formation et l’accueil du public, réduisant la dépendance aux droits TV. L’organisation de la Coupe du monde 2006 et la création du créneau « 15h30 » ont dopé l’attractivité du championnat. La France, elle, a privilégié l’appât du gain, surestimant la valeur de sa Ligue 1. Il convient néanmoins de rappeler que les contraintes fiscales françaises font perdre aux clubs de l’attractivité pour faire venir les meilleurs joueurs.
Face à l’impasse avec DAZN, la LFP envisage une chaîne propre, nécessitant un investissement initial de 55 millions d’euros et visant 1,8 million d’abonnés. Des partenariats avec Canal+ ou la plateforme Max sont à l’étude, mais les défis de production et de fidélisation restent immenses. Pour redorer la Ligue 1, la France doit repenser sa gouvernance, équilibrer la répartition des droits et renforcer la compétitivité sportive, à l’image de ses voisins européens.