Lutte contre l’accès des mineurs à la pornographie en ligne : un défi persistant

En France, 28 % des mineurs accèdent mensuellement à des sites pornographiques, amplifiés par des algorithmes, malgré la loi SREN de 2024 exigeant une vérification d’âge. Les plateformes comme Aylo ont bloqué leur accès en protestation, tandis que l’UE enquête sur les non-conformités. Les experts prônent le contrôle technique et l’éducation.
La protection des mineurs contre l’exposition à la pornographie en ligne reste un défi majeur en France, malgré les efforts législatifs et technologiques. Selon une étude de l’Arcom de 2022, 28 % des moins de 18 ans consultent des sites pour adultes au moins une fois par mois, dont 50 % des garçons dès 12 ans.
Les contenus pornographiques, accessibles en un clic sur des plateformes comme X (qui autorise ces contenus depuis juin 2024), sont amplifiés par des algorithmes de recommandation puissants. Thomas Rohmer, président de l’association Open, explique : « On sent la puissance des algorithmes qui orientent vers des contenus érotiques ou sexuels en fonction des interactions. »
Ces algorithmes, en analysant les préférences des utilisateurs, peuvent exposer des mineurs à des contenus inappropriés via des suggestions sur les réseaux sociaux ou des partages entre pairs. La France a renforcé ses mesures avec la loi SREN de 2024, obligeant les sites pornographiques à vérifier l’âge des utilisateurs sous peine de sanctions, comme le blocage par l’Arcom.
Algorithmes, contournements, censure : une régulation sous tension
Cependant, des plateformes comme Aylo (Pornhub, YouPorn) ont suspendu leur accès en France en juin 2025 pour protester contre ces exigences, jugées intrusives. Le Conseil d’État a rétabli l’obligation de vérification en juillet 2025, mais des failles persistent : les sites hébergés à l’étranger, comme XHamster, contournent souvent les régulations.
L’UE a ouvert une enquête en mai 2025 contre quatre plateformes pour non-conformité. María Hernández-Mora, psychologue, insiste sur l’importance d’un dialogue parental et de l’utilisation de comptes sécurisés, comme les « comptes Ados » sur Instagram, pour limiter les contenus inappropriés.
Cependant, interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, comme proposé par Emmanuel Macron, soulève des questions de vie privée. Les experts, comme Samuel Comblez, appellent à combiner le contrôle technique et l’éducation à la sexualité pour contrer les effets néfastes de la pornographie, qui peut biaiser la perception des relations sexuelles chez les jeunes.