Villa en Espagne et voitures de luxe : un colonel ukrainien arrêté pour corruption
Les autorités de Kiev ont annoncé le 24 juillet l’arrestation et la mise en détention provisoire d’un ancien commissaire des armées chargé de la mobilisation. Il aurait extorqué des fonds à des personnes voulant fuir la conscription.
Pots-de-vin contre dispense de front, tel est le tour de passe-passe dont est accusé par Kiev le colonel Ievguen Boryssov.
Cet ancien commissaire des armées, chargé de la conscription, aurait ainsi empoché près de 4,6 millions d’euros (188 millions de hryvnias) en permettant à des jeunes d’échapper à la conscription moyennant finance, selon le bureau d’enquête national (DBR).
D'après cette même source, l'officier, qui encourt dix ans de prison pour «enrichissement illégal», aurait été interpellé à Kiev deux jours après le lancement d’un avis de recherche. Egalement accusé d’avoir tenté de s’enfuir, Ievguen Boryssov aurait notamment utilisé les fonds détournés pour acheter une villa de luxe au nom de sa mère dans la station balnéaire andalouse de Marbella.
Des millions d'euros de pots-de-vin
Pour amonceler son magot, l'officier aurait donné des ordres à ses subordonnés pour qu'ils dispensent de mobilisation certains appelés en échange de pots-de-vin. Un système de corruption qu’il aurait mis en place dès février 2022, alors que l’armée ukrainienne était militairement en difficulté après le déclenchement de l'offensive russe.
C’est un média ukrainien qui a révélé l’acquisition par la mère du suspect d’une villa en Espagne dans la station balnéaire andalouse de Marbella. Une demeure évaluée à 4 millions d’euros alors que l’épouse de l’officier aurait, elle, acquis des bureaux pour une valeur de 737 000 euros. Quant à la belle-mère de ce dernier, elle serait «devenue propriétaire d'un parc automobile coûteux», note le DBR.
La lutte contre la corruption fait partie des conditions d’entrée dans l’Union européenne pour l’Ukraine et les autorités médiatisent les affaires de détournement pour montrer leur bonne volonté.
En mai, c’est le président de la Cour suprême qui avait été arrêté et placé en détention dans une affaire portant sur 2,5 millions d’euros. Quelques mois plus tôt, en janvier, c’est un scandale portant sur l’approvisionnement de l’armée qui avait vu cinq gouverneurs régionaux être évincés, ainsi qu’un chef adjoint de l'administration présidentielle et le procureur général adjoint.