Gaz russe : les Européens débattraient d'une reprise des livraisons dans le cadre d'un accord de paix en Ukraine
Des responsables européens discuteraient d'une reprise des livraisons de gaz russe dans le cadre d’un éventuel accord de paix en Ukraine, a rapporté ce 30 janvier le Financial Times. Cette initiative, qui vise notamment à abaisser la facture énergétique, aurait été mal perçue par les chancelleries européennes les plus proches de Kiev.
Une reprise des achats de gaz russe dans le cadre de négociations de paix en Ukraine, aurait été mise sur la table par des responsables européens, a rapporté ce 30 janvier le Financial Times (FT), citant des sources proche du dossier.
Selon le quotidien britannique, les partisans de cette reprise du transit du gaz russe vers l'Europe affirment qu'elle permettrait de réduire les prix élevés de l'énergie sur le Vieux Continent et pourrait encourager Moscou à entamer des négociations. Elle donnerait en outre «une raison» à Kiev et Moscou de parvenir un cessez-le-feu et de le maintenir.
Cependant, cette idée d'une reprise des livraisons de gaz russe aux Européens, «même lors de discussions préliminaires», aurait provoqué selon le FT «des réactions négatives» parmi les chancelleries européennes les plus proches de Kiev. Elle aurait été approuvée par «certains» responsables allemands et hongrois, ainsi que par d'autres capitales européennes qui en attendent une baisse de la facture énergétique. En revanche, l'idée aurait rendu «furieux» les responsables de Bruxelles et les diplomates de «certains pays d'Europe de l'Est». «C'est de la folie. Comment pouvons-nous être assez stupides pour ne serait-ce qu'envisager cette option ?», a déclaré un diplomate cité par le Financial Times.
Le média britannique note également que la reprise du débat sur les livraisons de gaz russe a inquiété certains exportateurs américains de gaz naturel liquéfié (GNL) qui cherchent à conclure des accords d'approvisionnement à long terme avec des entreprises européennes.
Des exportateurs de GNL américains «déstabilisés»
Certains producteurs américains de GNL auraient ainsi été «déstabilisés» par cette perspective, rapporte le FT. Le gaz liquéfié étant plus cher que le gaz acheminé par gazoduc, une telle décision des Européens, vis-à-vis des approvisionnements gaziers russes porterait un coup dur à la compétitivité de ces fournitures américaines.
Le 20 décembre, une mois avant son investiture, Donald Trump avait menacé l'Union européenne d'imposer des droits de douane si les Européens n'achetaient pas davantage d'hydrocarbures aux Américains. «En fin de compte, tout le monde veut réduire le coût de l'énergie», a déclaré un haut fonctionnaire de l'UE cité par le journal britannique.
Selon le FT, la part du gaz russe acheminé par gazoduc est tombée à environ 5% des importations totales de l'UE depuis le début de l'année. Après la mise hors service de Nord Stream et Nord Stream 2, en septembre 2022, et la fin du transit par l'Ukraine fin 2024, le Turkish Stream est le dernier gazoduc qu'emprunte le gaz russe vers l'Europe.
Au cours du mois de décembre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'y aurait certainement pas de nouveau contrat pour le transit du gaz russe à travers l'Ukraine. Lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année, il avait souligné que c'était la partie ukrainienne qui refusait de prolonger le contrat. «Ce contrat ne sera plus en vigueur, c'est clair, mais nous survivrons, Gazprom survivra», avait-il ajouté.
Le 8 janvier, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, a qualifié d'inacceptable cette décision de Kiev d'interrompre le transit du gaz russe vers les États membres de l'UE. Il a également déclaré que cette mesure allait à l'encontre de l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine et portait préjudice à l'économie des pays de la communauté européenne.