Soutien à Kiev : les Européens envisageraient de retirer à la Hongrie son droit de vote

Alors que les États membres de l’UE doivent se prononcer d’ici le 31 juillet sur le renouvellement de leurs sanctions à l’encontre de la Russie, le quotidien britannique The Guardian revient sur l’éventuelle menace d’un veto hongrois ainsi que sur la défiance que certaines chancelleries européennes entretiendraient avec Budapest.
« Les États membres de l'UE réfléchissent plus sérieusement que jamais à la manière d'utiliser leur sanction ultime contre la Hongrie : la suppression du droit de vote en vertu de l'article 7 », a rapporté le 19 avril The Guardian. Une déclaration en référence à l’article du traité sur l'UE (TUE) qui décrit la procédure à suivre pour sanctionner un État membre qui ne respecterait pas les « valeurs » énumérées dans ce traité. Procédure qui, théoriquement, peut aboutir à la suspension des droits de vote de cet État au Conseil de l’UE.
Selon le quotidien britannique, qui cite des « initiés informés », l’idée demeurerait au « stade précoce » et pourrait ne « jamais » se concrétiser en raison de la nécessité d’obtenir l’unanimité des vingt-six autres membres. En effet, poursuit The Guardian, si la Pologne a effectué un revirement politique, à la suite des législatives d’octobre 2023 qui ont porté à la tête du gouvernement Donald Tusk, c’est dorénavant la Slovaquie du Premier ministre Robert Fico qui détiendrait « cette carte » de blocage.
Vote des sanctions antirusses : vers un « règlement de comptes » avec la Hongrie d’Orban ?
Pour autant, un « règlement de comptes » pourrait avoir lieu si la Hongrie « cherchait » à opposer son veto au renouvellement des sanctions européennes contre la Russie, a avancé la publication britannique.
Une reconduction pour six mois, qui nécessite l’unanimité des vingt-sept, et à laquelle ne s’est finalement jamais opposée la Hongrie malgré ses menaces, même au cours de sa présidence du Conseil de l’UE. Un blocage hongrois est toutefois avéré : celui à l’encontre d’une aide à Kiev de 6,6 milliards d'euros transitant par la dite « Facilité européenne pour la paix », un fonds directement alimenté par les contributions des États membres.
À la suite de ce veto de Budapest, le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto avait évoqué des « pressions énormes » sur la Hongrie de la part de plusieurs autres États membres. Des Européens qui, depuis, cherchent à « contourner » ce veto.
Une élue écologiste appelle à davantage d’interventionnisme de l’UE
Alors que The Guardian souligne lui-même que Budapest a « toujours reculé » sur ses menaces de veto, concernant les sanctions contre la Russie, un responsable de l’UE cité par le quotidien britannique affirme que les responsables hongrois pourraient s’opposer à leur prochain renouvellement – prévu d’ici le 31 juillet – s’ils « estimaient avoir le soutien des États-Unis ». « Cela les mettrait non pas littéralement, mais virtuellement hors de l'Union », a-t-il encore lancé au Guardian.
L'eurodéputée Verts/ALE néerlandaise Tineke Strik, également contactée par The Guardian, a quant à elle estimé que la Commission européenne ne devait pas attendre un changement de pouvoir en Hongrie issu d’une élection – comme en Pologne avec le PiS – mais devait « s’exprimer davantage ».
Selon le quotidien britannique, Strik en appelle également à la Cour de justice de l’Union européenne pour « suspendre l'interdiction des événements LGBTQ+ » en Hongrie « et redistribuer les fonds européens confisqués à la société civile et aux collectivités locales ». Toujours selon la même source, cette élue du Parlement européen – qui affirme que « les États membres en ont vraiment assez d'Orbán » –, assure que 19 gouvernements « semblent prêts à franchir une étape dans la procédure de l'article 7 » du TUE.