Second tour en Roumanie : Simion contre Dan, le choc des visions entre nationalisme et européanisme

La Roumanie vote ce 18 mai pour départager deux figures que tout oppose : George Simion, candidat eurosceptique, ultra-souverainiste et favori du premier tour, affronte Nicușor Dan, maire indépendant de Bucarest soutenu par le centre-droit pro-européen. Un duel décisif pour l'orientation politique du pays pour les années à venir.
Ce 18 mai 2025, les Roumains se rendent aux urnes pour le second tour d'une élection présidentielle historique, marquée par une profonde polarisation politique et les séquelles d'une précédente élection annulée. Ce second tour s’annonce serrée, dans un climat tendu, et opposera deux finalistes aux profils totalement opposées.
George Simion, 38 ans, a obtenu 40,96 % des voix au premier tour, tenu le 4 mai. Leader du parti nationaliste et eurosceptique Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), il incarne une droite radicale, souverainiste et conservatrice, séduisant notamment la diaspora roumaine en Europe occidentale, où il a recueilli plus de 70 % des suffrages dans certains pays.
En face, Nicușor Dan, 55 ans, a recueilli 20,99 % des voix au premier tour. Maire indépendant de Bucarest, il est soutenu par une coalition de partis de centre-droit et pro-européens.
Simion face à Dan : la Roumanie choisit sa boussole
Ce second tour oppose deux visions diamétralement opposées de l'avenir de la Roumanie. Alors que George Simion prône un nationalisme affirmé, une souveraineté renforcée et une distance vis-à-vis des institutions européennes, Nicușor Dan défend une orientation résolument pro-européenne.
Le résultat de ce scrutin déterminera l'orientation politique de la Roumanie pour les années à venir, entre un repli nationaliste et une intégration européenne approfondie.
Selon certains observateurs, Dan pourrait recueillir les voix des autres candidats arrivés derrière lui, qui voudront faire barrage à la droite nationaliste : Crin Antonescu, soutenu par la coalition entre socio-démocrates et libéraux au pouvoir, qui avait recueilli 20,07 % des voix ; et l’ancien Premier ministre de centre gauche Victor Ponta qui a réuni 13,04 % des suffrages.
Simion-Georgescu : une alliance contre l’ordre euro-atlantique
L’élection présidentielle actuelle s’inscrit dans le sillage houleux du scrutin du 24 novembre 2024, annulé par la Cour constitutionnelle le 6 décembre. Cette dernière avait invoqué des « irrégularités » et des « soupçons d’ingérence russe » autour du candidat indépendant Calin Georgescu, arrivé en tête avec 23 % des voix. Des accusations que Moscou a aussitôt rejetées avec vigueur.
Déjà candidat lors de ce scrutin annulé, George Simion s’était classé quatrième. Mais l’invalidation de Georgescu a rebattu les cartes : les deux figures nationalistes se sont rapprochées, unissant leurs forces idéologiques contre l’axe euro-atlantique. Opposés à l’Union européenne, à l’OTAN et au soutien à l’Ukraine, ils ont désormais un discours et un agenda politique communs.
George Simion ne cache pas son admiration pour Georgescu, qu’il envisage même de nommer Premier ministre s’il remporte la présidence. Il continue de dénoncer l’annulation de 2024 comme un « coup d’État institutionnel » orchestré pour museler les voix dissidentes. Selon lui, des « manœuvres malveillantes » sont désormais dirigées contre sa propre candidature.