L’Union européenne envisage une sortie progressive de la protection temporaire pour les réfugiés ukrainiens

L’Union européenne prépare discrètement une sortie progressive du dispositif de protection temporaire pour les réfugiés ukrainiens, mis en place en 2022. Si une dernière prolongation d’un an semble sur la table, plusieurs États membres plaident désormais pour une réduction ou une fin ordonnée du programme, sous pression de leur opinion publique.
Depuis mars 2022, l’Union européenne applique la directive sur la protection temporaire (TPD) pour accueillir les Ukrainiens fuyant leur pays. Initialement prévue pour trois ans, cette mesure a été prolongée jusqu’en mars 2026. Cependant, selon Euractiv, des discussions sont en cours pour envisager une stratégie de sortie de ce dispositif.
Un diplomate de l’UE a indiqué que des discussions à huis clos sur des « stratégies de sortie » sont en cours. Une proposition est attendue début juin, envisageant une prolongation d’un an accompagnée d’une déclaration non contraignante des États membres sur une sortie progressive de la protection.
La directive TPD permettait au départ deux prolongations, jusqu’en mars 2025. La Commission européenne a choisi de l’étendre jusqu’en mars 2026, mais les marges juridiques sont désormais très réduites. Selon Martin Wagner, du Centre international pour le développement des politiques migratoires, « nous sommes déjà sur la glace fine avec la dernière prolongation ». Il insiste sur le fait qu’une sortie claire est devenue nécessaire pour éviter de surcharger les systèmes d’asile nationaux.
Une pression grandissante sur les États membres
Toujours selon Euractiv, le sujet devrait être abordé lors du Conseil européen des affaires intérieures prévu les 12 et 13 juin. La majorité des pays soutiennent encore une prolongation, mais les possibilités légales sont limitées. Sans solution alternative, la directive pourrait se retourner contre ses objectifs initiaux.
Un autre diplomate prévient que, sans sortie prévue, « nous risquons de saturer les systèmes nationaux d’asile », ce que le TPD devait précisément empêcher. L’UE étudie aussi des restrictions possibles : interdire le retour dans le programme des Ukrainiens ayant regagné leur pays de façon permanente, ou bloquer les nouvelles arrivées. Mais aucune décision n’est encore prise.
Des demandes toujours plus exigeantes des réfugiés ukrainiens
En Suède, la pression monte. Le média Fria Tider rapporte que plus de 10 000 Ukrainiens ont signé une pétition réclamant le droit de rester indéfiniment dans le pays. Ils demandent également la facilitation du regroupement familial et la possibilité d’obtenir un statut de résident permanent ou à long terme. Ces demandes croissantes posent question à de nombreux gouvernements européens, déjà sous pression face à l’afflux migratoire.
D’après Euractiv, environ 4,3 millions d’Ukrainiens bénéficient actuellement du TPD dans l’UE. La majorité se trouvent en Pologne, en Allemagne, en République tchèque et en Slovaquie. Or, selon l’ONU, la proportion d’Ukrainiens désireux de rentrer dans leur pays après la guerre est en baisse : de 77 % en 2022 elle est passée à 65 % en 2024.
L’UE est donc face à un dilemme : continuer un programme qui s’éternise et déséquilibre les systèmes sociaux nationaux, ou acter un retrait progressif et planifié. Comme l’a souligné Martin Wagner, « à un moment, il faudra bien poser la question : que faire après la protection temporaire ? Il n’y a pas moyen d’y échapper ».