Vers un désarmement complet des camps palestiniens du Liban ?

Un plan de désarmement des camps palestiniens au Liban, abritant 220 000 réfugiés et des milices armées, débute mi-juin 2025, soutenu par Mahmoud Abbas et Joseph Aoun, pour restaurer l’autorité étatique. À Aïn el-Héloué, des résistances persistent, alimentées par des craintes sécuritaires et des rivalités factionnelles.

Depuis la Nakba de 1948, les 12 camps palestiniens au Liban, abritant environ 220 000 réfugiés, sont des zones semi-autonomes où des factions palestiniennes, souvent armées, comme le Fatah, le Hamas et des groupes islamistes, assurent la sécurité conformément à l’accord du Caire de 1969, bien que celui-ci ait été abrogé.

Ces camps, notamment Aïn el-Héloué, le plus grand avec 54 000 habitants, sont des foyers de tensions. Ils sont régulièrement le théâtre d'affrontements entre factions rivales qui causent des dizaines de morts et des déplacements massifs, comme en juillet 2023. Ces violences, amplifiées par le conflit dans la bande de Gaza, fragilisent la stabilité libanaise.

Une mission compliquée pour l'État libanais

Lors de la visite de Mahmoud Abbas à Beyrouth en mai dernier, un accord a été scellé avec le président libanais Joseph Aoun pour lancer le désarmement des camps dès mi-juin, en commençant par ceux près de Beyrouth, selon L’Orient-Le Jour. Une délégation palestinienne, arrivée fin mai, travaille à établir une feuille de route précise, rapporte le quotidien libanais.

Ce plan, soutenu par un comité libano-palestinien, vise à restaurer l’autorité de l’État libanais, affaiblie par l’autonomie des camps et l’influence du Hezbollah, bien que la guerre de 2023 contre Israël ait amoindri cette dernière. Les camps sont décrits comme une « véritable armée », dotée d'armes lourdes et de milices bien organisées, notamment à Aïn el-Héloué, où des islamistes radicaux et des criminels trouvent refuge.

Cependant, des résistances émergent. À Aïn el-Héloué, des habitants et des factions rejettent le désarmement, invoquant la « protection contre Israël » et la mémoire des massacres de Sabra et Chatila (1982, 700 à 3 500 morts lors de la guerre civile libanais).

Le Fatah, dominant dans le camp, craint une perte d’influence face à des groupes pro-iraniens. Les violences récentes, avec 16 morts en septembre 2023, illustrent la difficulté de pacifier ces zones. Les habitants redoutent aussi une marginalisation accrue sans armes, dans un pays où ils n’ont ni droits civiques ni intégration.

Ce désarmement, poussé par les États-Unis et aligné sur la résolution 1559 de l’ONU (2004), est vu comme un test pour désarmer le Hezbollah. Mais les tensions communautaires, l’ingérence régionale et la méfiance des réfugiés compliquent l’application de cette feuille de route, rendant incertain un désarmement complet.