Emmanuel Macron juge «illégales» les frappes américaines sur l’Iran

Le président français a dénoncé les frappes américaines contre les sites nucléaires iraniens, les jugeant «sans fondement légal» et contraires au droit international. Tout en partageant l’objectif de limiter les capacités nucléaires de Téhéran, Paris réaffirme que seule la voie diplomatique peut y parvenir.
Le président français Emmanuel Macron a vivement critiqué les raids américains contre trois installations nucléaires iraniennes, menées dans la nuit du 22 juin. Il a affirmé que « ces frappes sont illégales, il n’y a aucune base juridique pour les justifier », tout en ajoutant que la France partage l’objectif de « prévenir la possession de l’arme nucléaire par l’Iran ». Cette déclaration intervient alors que la situation au Moyen-Orient a subi plusieurs escalades militaires ces derniers jours.
Les installations visées par les attaques américaines sont les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan. Selon le président américain Donald Trump, ces attaques ont « totalement détruit » les capacités d’enrichissement d’uranium de l’Iran. Washington a agi de concert avec Israël, qui avait lancé ses propres offensives une semaine auparavant, le 13 juin. Pourtant, Emmanuel Macron a souligné que « seule la voie diplomatique » pouvait permettre de contenir les supposées ambitions nucléaires de Téhéran.
L’Iran résiste, la Russie dénonce
La réaction de l’Iran ne s’est pas fait attendre : des représailles ont visé une base américaine au Qatar le 23 juin. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a dénoncé un « acte de guerre » et promis que son pays défendrait sa souveraineté. En parallèle, l’Organisation iranienne de l’énergie atomique a confirmé que le programme nucléaire « ne sera pas stoppé ».
La Russie a de son côté réagi fermement. Le ministère des Affaires étrangères russe a condamné les frappes américaines comme « une violation flagrante du droit international et de la Charte de l’ONU », exigeant une réaction « honnête » de la part de l’AIEA. La Chine a également exprimé son opposition à l’attaque américaine.
Quelques heures plus tard, durant la nuit du 23 au 24 juin, Donald Trump a annoncé un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, le président américain a salué « la fin de ce qui aurait pu devenir une guerre de plusieurs années ». Le cessez-le-feu, selon ses déclarations, est illimité et a été conclu à l’issue de négociations menées par Washington avec les deux parties. L’Iran a confirmé son entrée en vigueur à 4 h 30 GMT.
L’Europe divisée, Paris isolé
Emmanuel Macron a également rejeté toute idée de « changement de régime » en Iran par la force. « Ce serait une erreur », a-t-il déclaré, critiquant les stratégies militaires visant à imposer un pouvoir extérieur. Selon lui, « l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Iran doivent être respectées », tout comme celles de tout État souverain.
Enfin, au sein de l’Union européenne, les divergences sont visibles. Tandis que l’Allemagne, par la voix de son chancelier Friedrich Merz, a salué les frappes israéliennes en affirmant que Tel Aviv « fait le sale boulot pour l’Occident », Macron réitère que « le cycle de violences doit cesser », appelant à un retour aux négociations.
À la veille d’un sommet de l’OTAN, la position française reste ignorée, face au soutien apporté à Washington par certains pays occidentaux. Le président du Conseil d’information russe, Alexeï Pouchkov, a dénoncé une « hypocrisie occidentale » où « l’illégalité devient tolérable dès lors qu’elle sert les intérêts des États-Unis », selon ses propos tenus sur Telegram.