Renseignements interceptés : l’Iran juge l’attaque contre ses installations nucléaires moins grave qu'annoncé

Des responsables iraniens affirment, dans des communications interceptées, que les frappes américaines sur leurs sites nucléaires ont causé moins de dégâts qu’ils ne le craignaient, rapporte le Washington Post. La Maison-Blanche dément et défend l’efficacité de l’opération.
Les États-Unis ont intercepté des communications entre hauts responsables iraniens sur les récentes frappes américaines contre les sites nucléaires de l’Iran. D’après quatre sources proches des renseignements, ces échanges montreraient que les attaques ont été moins dévastatrices qu'escompté, rapporte le Washington Post.
L’administration Trump n’a pas nié l’existence des messages interceptés, bien que ceux-ci n'aient pas été rendus publics. En revanche, elle a vivement rejeté les conclusions de l'Iran et mis en doute sa capacité à évaluer l’ampleur des dégâts infligés aux trois sites visés.
« Il est honteux que The Washington Post aide des gens à commettre des crimes en publiant des fuites sorties de leur contexte. L’idée selon laquelle des responsables iraniens anonymes savent ce qui s’est passé sous des centaines de mètres de décombres est absurde. Leur programme de production d’armes nucléaires est terminé », a affirmé Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche.
Toujours d'après le quotidien américain, les analystes s’accordent pour dire que les frappes ont mobilisé une puissance de feu colossale, incluant des bombes « brise-bunkers » de 13 tonnes et des missiles de croisière Tomahawk. Ces attaques ont gravement endommagé les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan. Néanmoins, l’ampleur réelle des destructions et le temps nécessaire à une éventuelle reconstruction font toujours débat.
Selon le Washington Post, la semaine dernière, lors de réunions confidentielles au Congrès, le directeur de la CIA, John Ratcliffe, a affirmé que plusieurs sites nucléaires majeurs avaient été totalement détruits. Les opérations de conversion de métal, essentielles à la fabrication du cœur d’une bombe ont été rendues impossibles, la reconstruction des sites prendra des années, a-t-il déclaré. D'après lui, la majorité de l’uranium enrichi iranien serait « probablement enterrée à Ispahan et Fordo ».
Les frappes n’auraient que partiellement affaibli le programme nucléaire iranien
Toutefois, d’après les évaluations de la CIA rapportées par CNN et le New York Times, les frappes n’auraient pas détruit les éléments clés du programme nucléaire iranien, contrairement aux affirmations de Donald Trump, mais seulement retardé sa progression de quelques mois. Face à cela, la Maison-Blanche et le président ont accusé les médias de mensonge. Le chef d'État s'est exprimé avec colère sur la couverture médiatique qui contredit sa version des faits.
Des experts estiment néanmoins que Téhéran pourrait relancer son programme nucléaire en s’appuyant sur les infrastructures souterraines épargnées et ses stocks d’uranium. Rafael Grossi, directeur de l’AIEA, rapporte que l’agence a perdu la trace de plus de 400 kg d’uranium enrichi à 60 %. L’Iran a pu déplacer ses stocks d’uranium enrichi avant les frappes menées par les États-Unis, suppose-t-il.
Frappes du 22 juin : une opération majeure pour les États-Unis, un outrage diplomatique pour l’Iran
Dans la nuit du 22 juin, les États-Unis ont frappé trois sites nucléaires iraniens avec des bombes GBU-57A/B Massive Ordnance Penetrator et des missiles Tomahawk, dans leur première attaque directe contre l’Iran depuis 1979. À l'issue de l'opération, Donald Trump, entouré du vice-président J. D. Vance, du secrétaire d’État Marco Rubio et du secrétaire à la Défense Pete Hegseth, a déclaré depuis la Maison Blanche qu'elle constituait un « succès militaire majeur ». Il a annoncé que les installations étaient totalement détruites, avertissant qu’il restait de nombreuses autres cibles si Téhéran refusait la paix.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a vivement dénoncé sur X les attaques menées contre l'Iran par États-Unis : « Les États-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, ont commis une violation flagrante de la Charte des Nations unies, du droit international et du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en attaquant les installations nucléaires pacifiques de l’Iran. Les événements de ce matin sont révoltants et auront des conséquences à long terme. Chaque membre de l’ONU doit être alarmé par ce comportement extrêmement dangereux, hors-la-loi et criminel ».