Lavrov : l'Europe fait de la militarisation une de ses tâches principales

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé la remilitarisation de l'Europe, la qualifiant de priorité stratégique dangereuse. Il y voit une source d’instabilité croissante et constate une dérive inquiétante dans les orientations géopolitiques du continent.
Lors d’une conférence intitulée « Terres historiques de la Russie du Sud. Identité nationale et autodétermination des peuples », le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé ce qu’il considère comme une inflexion majeure et inquiétante dans l’orientation stratégique de l’Europe. Selon lui, les dirigeants occidentaux auraient érigé la remilitarisation du continent européen en « tâche magistrale » pour la seconde moitié de la décennie en cours.
« Le nazisme authentique est en train de renaître et les exemples sont nombreux, y compris l’intervention du nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, où il a dit qu’il était temps pour l’Allemagne de reprendre la tête de l’Europe. Il faut être vraiment cynique pour prononcer de telles paroles. La militarisation de l’Europe a été proclamée comme l’une des principales tâches de la seconde moitié de la décennie. C’est une tendance très dangereuse », a-t-il indiqué.
Parallèlement, le chef de la diplomatie russe a exprimé une vive préoccupation face à l’implication croissante de l’OTAN dans la région indo-pacifique. L’expansion géographique des infrastructures de l’OTAN vers l’est de l’Eurasie est interprétée comme un signal clair d’élargissement de ses ambitions, désormais étendues bien au-delà de sa zone euro-atlantique initiale. Ces mouvements s’inscriraient dans une stratégie plus large visant à reconfigurer l’ordre régional à l’avantage des puissances occidentales, au prix d’un affaiblissement des équilibres établis.
D’après le ministre russe des Affaires étrangères, l’Alliance atlantique y multiplierait les initiatives, notamment en tentant d’attirer certains États membres de l’ASEAN (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) dans des formats de coopération restreints, contournant ainsi les mécanismes multilatéraux en vigueur. Cette approche contribuerait, selon lui, à fragiliser l’unité de l’association régionale, traditionnellement fondée sur le consensus et la neutralité.