Le Maroc achète deux satellites d’espionnage israéliens
Rabat a acheté deux satellites israéliens pour un montant d’un milliard de dollars. La transaction a été confirmée par les médias des deux pays au moment où les autorités marocaines font face à des polémiques récurrentes liées à la contestation populaire de la normalisation avec l’Etat hébreu.
«En pleine guerre à Gaza, Israël approfondit ses liens de sécurité avec le Maroc», écrivait le 9 juillet le journal israélien Calcalist en révélant l’achat par le Maroc de deux satellites Ofek 13, conçus par la société Israel Aerospace Industries Corporation (IAI). «C’est acté, une technologie israélienne remplacera les satellites Mohammed VI-A et Mohammed VI-B», a titré de son côté le média marocain Le360.
Ce contrat de défense, d’un montant d’un milliard de dollars (environ 920 millions d’euros), est présenté, par les médias des deux pays, comme le plus important jamais signé par le Royaume du Maroc avec l’Etat hébreu. L’accord intervient alors que les deux pays ont normalisé leurs relations en 2020 et ce, malgré une contestation populaire importante au Maroc, qui s’est intensifiée depuis le début des représailles israéliennes à Gaza le 7 octobre dernier.
L’information relayée par des agences de presse internationales, notamment Reuters, a été confirmée le 9 juillet par un haut responsable diplomatique israélien établi à Rabat, cité par Le360, qui n’a toutefois pas nommé sa source. «Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, il est des secteurs où la coopération entre les deux pays n’a à aucun moment été interrompue : la gestion de l’eau, l’agriculture et bien entendu la défense», expliquait le responsable, soulignant que cette coopération continuait «malgré la guerre contre le Hamas».
«Secret jusqu’ici»
De son côté, le journal israélien Calcalist a indiqué que «le président d’IAI, Amir Peretz, s’est récemment rendu au Maroc via un pays européen pour signer l’accord, resté secret jusqu’ici».
La révélation de cette information, même officieuse, sur cette opération a eu un impact sur les cours du titre IAI à la Bourse de Tel-Aviv, après «l’entrée en vigueur d’un contrat avec une partie non divulguée», raconte encore le média hébreu.
Des sources au sein de la défense israélienne ont déclaré à Calcalist que Peretz avait promu à la fois l’accord sur le système Barak 8 et l’accord sur les satellites avec le Maroc sur la base de ses relations avec de hauts responsables du pays. IAI exerce une activité étendue dans le domaine des satellites de renseignement et de communication, développés et fabriqués dans sa division missiles et espace.
Ce contrat est le deuxième du genre en ordre d’importance, après l’acquisition par le Royaume d’un système de défense aérienne avancé, baptisé Barak 8, pour un montant d’un demi-milliard de dollars. «La plupart des composants du système de défense ont déjà été fournis à l’armée marocaine», souligne Calcalist.
Des polémiques à répétition
L’achat de ces deux satellites d’espionnage intervient alors qu’un récent déplacement d’une «délégation de jeunes leaders marocains» en Israël faisait déjà scandale au Maroc en début de ce mois de juillet. «En plein génocide en Palestine, une délégation du Maroc va en Israël en soutien contre le Hamas», s’irritait la presse marocaine en rapportant que les membres de cette délégation avaient été reçus le 8 juillet en grande pompe par l’Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste.
Ce tollé intervenait lui-même alors que l’escale d’un navire de guerre israélien au port de Tanger du 6 au 7 juin, révélée par la presse israélienne le 19 juin, faisait déjà polémique depuis plusieurs semaines au Maroc où des manifestations, souvent massives, contre les représailles israéliennes à Gaza, sont fréquemment organisées.
La visite à l’Institut Misgav et l’escale du navire israélien à Tanger suscitent encore de vives critiques au Maroc où médias, ONG et réseaux sociaux ont dénoncé un énième signe de «complicité» de leur pays, dénonçant un «génocide israélien à Gaza» perpétré depuis plus de neuf mois.
Les deux satellites israéliens achetés par le Maroc risquent de jeter encore de l’huile sur le feu.