Sanctions anti-russes : Orban accuse Bruxelles de «tirer» sur la Hongrie
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a accusé le 23 octobre l'Union européenne de «tirer» sournoisement sur la Hongrie avec sa série de sanctions contre la Russie, qualifiées par Budapest de «bombe» sur l'économie.
«Ne nous préoccupons pas de ceux qui tirent sur la Hongrie cachés dans l'ombre, quelque part depuis les miradors de Bruxelles» : lors d’un discours à Zalaegerszeg le 23 octobre, dans l’ouest du pays, à l'occasion de la fête nationale commémorant le soulèvement de la Hongrie contre l’Union soviétique en 1956, Viktor Orban a fustigé la série de sanctions contre la Russie portée par Bruxelles.
«Ils finiront là où leurs prédécesseurs ont fini», a-t-il ajouté, prédisant à l’UE un sort similaire à celui du bloc soviétique qui s'est effondré entre 1989 et 1991.
Dans la capitale et le reste du pays, des posters ont été affichés avec un message flanqué d'un missile : «Les sanctions de Bruxelles nous ruinent.» «Guerre à nos portes, crise financière et ralentissement économique dans l'UE, invasion migratoire au sud [...], nous devons faire face» à de multiples problèmes, a déclaré le Premier ministre assurant que «son gouvernement fort et uni» surmontera cette épreuve.
Ce discours fait écho au lancement par le gouvernement, mi-octobre, d'une «consultation nationale» visant à recueillir l’avis de ses citoyens sur les sanctions européennes contre Moscou. Le dirigeant hongrois a exprimé à plusieurs reprises son opposition à leurs élargissements, tout particulièrement sur le secteur énergétique.
«ll y a un moment où il faut dire stop» avait déclaré début mai le Premier ministre, lors d’une interview, alors que des Etats membres européens appelaient à instaurer un embargo sur le pétrole russe. Mesure qui, aux yeux de Viktor Orban, «équivaudrait à une bombe nucléaire larguée sur l'économie hongroise», dont 65% du pétrole provient de Russie via l'oléoduc Druzhba (qui signifie «amitié»).
Si les dirigeants de l'UE se sont mis d'accord dans la soirée du 30 mai pour réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année 2022 (embargo sur le pétrole brut dans les six mois et les produits raffinés dans les huit mois), une exemption temporaire a cependant été prévue pour le pétrole acheminé par oléoduc, afin de lever le veto de la Hongrie.
A rebours de ses partenaires de l'Union européenne, qui ont réduit leur dépendance à l’égard du gaz russe, la Hongrie a en outre signé un accord avec Gazprom le 31 août, en vue d'une livraison supplémentaire pour les mois de septembre et d’octobre.