Le homard frais sauvera-t-il l’Europe de la gloutonnerie commerciale de Trump ?

L’Union européenne envisagerait de prolonger un accord d’exonération de droits de douane pour les homards américains frais et congelés, dans le but d’amorcer la désescalade des tensions avec les États-Unis et d'ouvrir la voie à un accord commercial.
L’accord de 2020 conclu durant le premier mandat de Donald Trump avec l'Union européenne stipulait l’exonération des homards frais et congelés de droits de douane, à un moment où le président américain partait à la pêche aux voix pour sa réélection dans le Maine, un État dont l’économie repose en bonne partie sur la pêche.
Le Financial Times a cité deux responsables de la Commission européenne qui ont affirmé que l’institution européenne était ouverte à l’idée d’une prolongation de l'accord sur le homard, qui expire le 31 juillet prochain, et ce, dans le cadre d'un ensemble de mesures dont la finalité est d’aboutir à un accord commercial avec les États-Unis, permettant de supprimer les droits de douane de Trump.
Droits de douane pesants pour l’Europe
Les tarifs douaniers « réciproques » imposés sur la quasi-totalité des importations de l'UE avaient bondi à 20 % suite au décret de Trump du 2 avril dernier. Le chiffre a ensuite été réduit à 10 % jusqu'au 8 juillet pour permettre la tenue de négociations entre les deux bords de l’Atlantique. Des discussions qui n’ont réellement débuté que la semaine écoulée.
Le 2 avril, Trump a imposé des droits de douane de 20 % sur la quasi-totalité des importations de l'UE dans le cadre de son plan mondial de tarifs douaniers « réciproques », mais il a ensuite réduit de moitié ce taux jusqu'au 8 juillet pour permettre la tenue de négociations.
Le président américain a tout de même maintenu ses tarifs douaniers à 25 % sur l'acier, l'aluminium et les automobiles, a brandi la menace de nouvelles taxes sur les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, le cuivre, le bois, les minéraux critiques et les pièces détachées pour l'aéronautique.
De son côté, le commissaire au Commerce européen, Maros Sefcovic, a déclaré le 24 mai que l'UE œuvre de « bonne foi » afin d’obtenir un accord commercial avec les États-Unis fondé sur le « respect » et non sur les « menaces ». L'Union s'est dite prête à réduire le déficit commercial avec Washington en compensant avec l’importation de plus grandes quantités de gaz, d'armes et de produits agricoles américains, tout en préparant ses propres droits de douane en cas d’échec des négociations et d’imposition des tarifs américains.
Faire preuve de « créativité »
Le homard américain est exonéré de droits douaniers en Europe depuis 2020 lorsque Trump s’était plaint à l’époque de l’impact de l’accord commercial euro-canadien qui avait exonéré ce crustacé en provenance du Canada des tarifs douaniers, raison pour laquelle les 8 % de taxes avaient été supprimés sur le homard frais ou congelés des États-Unis.
Les exportations américaines de homard vers l'UE s’élevaient à la modeste somme 93 millions d'euros (soit 111 millions de dollars) en 2017. Selon les chiffres de l'agence statistique européenne Eurostat, la part des homards américains en 2024 était de 69,2 millions d'euros (soit environ 78,6 millions de dollars), représentant le quart du marché.
Si le commerce du homard n'était « pas si important économiquement », selon le président de la commission du commerce extérieur du Parlement européen, Bernd Lange, il présentait tout de même l’avantage de mener à une désescalade de la part de Trump. De ce fait, il se dit « tout à fait favorable » à la prolongation de l’accord sur ces crustacés.
« Nous devons faire preuve de beaucoup de créativité pour analyser ce qui, dans l'esprit de nos homologues américains, pourrait être perçu comme injuste », a déclaré Lange, suggérant que l'UE réexamine ses normes en matière d'importations de produits alimentaires et de santé animale dans le cadre de tout accord, sans pour autant revoir les réglementations environnementales ni les taxes qui sont dans le collimateur des Américains.