La Syrie sera prochainement reconnectée au système bancaire Swift

La Syrie sera reconnectée au système SWIFT dans les semaines à venir, après 14 ans d’isolement dû à la guerre et aux sanctions. Ces dernières ont paralysé le secteur bancaire, gonflant les coûts des transactions et favorisant la corruption. Ce retour s’inscrit dans un plan de réformes visant à relancer l’économie.
Après plus d’une décennie d’isolement, la Syrie s’apprête à réintégrer le système de paiement international SWIFT, une étape cruciale vers sa reconnexion au réseau financier mondial.
Cette annonce, faite par le gouverneur de la Banque centrale de Syrie, Abdulkader Husrieh, intervient dans un contexte de réformes économiques ambitieuses menées par le gouvernement transitoire, dirigé par le président Ahmed al-Chareh depuis le départ de Bachar el-Assad en décembre 2024.
Vers un retour des investissements étrangers
Ce retour, attendu dans les prochaines semaines, vise à revitaliser une économie ravagée par 14 ans de guerre civile et des sanctions internationales. Depuis 2011, les sanctions, notamment celles imposées par les États-Unis via la loi Caesar en 2019, ont lourdement pesé sur le secteur bancaire syrien. Ces mesures, visant à punir le gouvernement Assad, ont coupé les banques syriennes du système SWIFT, paralysant les transactions internationales.
Les importations, essentielles pour une économie en crise, ont vu leurs coûts grimper de 40 à 50 % en raison du recours à des réseaux financiers informels. Les transferts de fonds des expatriés, estimés à 2,5 milliards de dollars par an, et les importations, d’environ 4 milliards, ont été entravés, accentuant la dépendance à des circuits opaques.
Cette exclusion a également favorisé le blanchiment d’argent, notamment via le commerce de drogue, et a nui aux commerçants légitimes, renforçant l’emprise de réseaux mafieux. La levée des sanctions américaines, annoncée par le président Donald Trump en mai 2025 lors d’une visite en Arabie saoudite, suivie par l’Union européenne, a ouvert la voie à cette réintégration.
Abdulkader Husrieh, nommé en avril 2025 gouverneur de la Banque centrale syrienne, a détaillé un plan de réforme incluant l’unification du taux de change, la dérégulation bancaire et la recapitalisation des institutions financières. L’objectif est de restaurer la confiance dans le secteur bancaire, d'attirer les investissements étrangers et de réduire les coûts des échanges commerciaux.
Plus de 50 banques arabes et internationales, dont une française, ont déjà manifesté leur intérêt pour investir en Syrie. Des accords, comme un projet énergétique de 7 milliards de dollars avec le Qatar, témoignent de cette dynamique. Cependant, des défis persistent.
Le secteur bancaire souffre de corruption, d’une gestion inefficace et d’un manque d’expertise, tandis que la méfiance des investisseurs reste forte. La réintégration à SWIFT, bien que prometteuse, nécessitera des réformes structurelles profondes pour garantir une reprise économique durable et éviter les dérives passées.