Pêche et Brexit : Paris menace de couper le courant électrique à Jersey
Le ton monte à Paris envers la petite dépendance de la Couronne britannique accusée d’imposer des conditions «non prévues» par l’accord signé entre le Royaume-Uni et l’Union européenne pour réglementer l’accès à ses zones de pêche.
«Ce n'est pas la première menace que les Français formulent envers Jersey ou le Royaume-Uni depuis que nous sommes dans ce nouvel accord [post-Brexit, signé fin 2020 et dit «ACC»]», a déclaré ce 5 mai le ministre des Affaires étrangères de l’Ile anglo-normande de Jersey, Ian Gorst, sur la BBC, en référence à l'accord post-Brexit conclu entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
«Il apparaîtrait disproportionné de couper le courant juste parce qu'il faut fournir des détails supplémentaires afin que nous puissions affiner les licences» de pêche avant leur octroi, a-t-il ajouté.
Ian Gorst réagissait à la perspective évoquée, la veille, par la ministre française de la Mer, Annick Girardin, à l’Assemblée nationale, de répercussions éventuelles sur le transport d’électricité par câble sous-marin qui apporte depuis la France 95% de l’électricité utilisée dans la petite île anglo-normande.
La ministre française envisageait des «mesures de rétorsion» contre les autorités de la petite dépendance de la Couronne accusée par Paris de traîner les pieds pour délivrer les licences de pêche permettant l’accès des navires français aux zones de pêche de l’île anglo-normande.
Selon son ministère, le Royaume-Uni a publié le 30 avril une liste de 41 navires français autorisés à pêcher dans les eaux de Jersey, mais cette liste s'accompagne de nouvelles exigences «qui n'ont pas été concertées, discutées ni notifiées avant».
«Zonage» et nombre de jours de mer
Dans un communiqué mis en ligne sur son site web, le ministère français de la Mer affirme avoir signalé à Bruxelles ces «conditions non prévues dans l’accord, liées au zonage et au nombre de jours de mer». De son côté, le gouvernement de Jersey plaide sa bonne foi et assure avoir octroyé les licences de pêche conformément à l'accord commercial conclu entre Bruxelles et Londres fin décembre.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères de Jersey a considéré que l'accord commercial était clair dans ses principes, mais a reconnu «une certaine confusion sur la façon dont il doit être mis en œuvre». Il a également affirmé respecter «absolument les droits historiques des pêcheurs français de pêcher dans les eaux de Jersey comme ils le font depuis des siècles».
Interrogé sur ce différend sur la chaîne Sky News, le secrétaire d'Etat britannique chargé du programme de vaccination anti-Covid, Nadhim Zahawi, a souligné qu'il était nécessaire de «travailler de manière constructive » pour «aplanir les différends». Mais la BBC cite également le ministère britannique de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales qui rappelle que le baillage de Jersey est «responsable de ses propres eaux territoriales».