Washington renonce à sanctionner la société Nord Stream 2 AG et son PDG
Officiellement l’administration Biden est toujours opposée au gazoduc sous-marin Nord Stream 2 mais sa construction est désormais achevée à 95% et Washington renonce à de nouvelles sanctions qui froisseraient l’Allemagne.
«Citant les intérêts de la sécurité des Etats-Unis, l’administration Biden a annoncé qu’elle lèverait les sanctions obligatoires contre la société Nord Stream 2 AG et son président Matthias Warnig», peut-on lire depuis le 19 mai en bonne place sur le site de la Commission des Affaires étrangères du Sénat des Etats-Unis.
Le jour-même, le secrétaire d’Etat Antony Blinken a confirmé par un bref communiqué que son rapport sur l’application de la Loi de protection de la sécurité énergétique en Europe de 2019 adressé au Congrès concluait que la société basée en Suisse qui dirige la construction du gazoduc sous-marin et son PDG étaient engagée dans des activités passibles de sanctions. Mais il ajoute : «J’ai déterminé qu’il était dans l’intérêt national des Etats-Unis de renoncer à l’application de sanctions à l’encontre de Nord Stream 2 AG, de son PDG Matthias Warnig et de ses mandataires sociaux.»
«Les mesures prises aujourd'hui démontrent l'engagement de l'administration [du président Joe Biden] envers la sécurité énergétique en Europe, conformément à la promesse du président de restaurer les relations avec nos alliés et partenaires en Europe, une question de sécurité nationale», précise le chef de la diplomatie.
«Nous comprenons que les décisions qui ont été prises à Washington tiennent compte de la relation extraordinairement bonne qui a été construite avec l'administration Biden», a de son côté réagi le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas lors d'une conférence de presse. Et au Kremlin, le porte-parole de la présidence Dmitri Peskov a également salué cet infléchissement américain en déclarant : «C'est mieux que de lire des annonces de nouvelles sanctions.»
Plus que 80 kilomètres
Cependant des élus du Congrès des Etats-Unis ont vivement protesté. Le sénateur républicain Jim Risch, cité par l’AFP, a estimé que c'était «un cadeau à Poutine» qui risquait de «réduire la marge de négociation des Etats-Unis lors du prochain sommet Biden-Poutine».
Le démocrate Bob Menendez s’est emporté sur le site officiel de la Commission des Affaires étrangères du Sénat qu’il préside en déclarant son opposition à la décision de l’administration Biden qu’il appelle à «arracher le sparadrap» et à «faire tout son possible pour accomplir ce que l'administration Trump n'a pas réussi à faire pendant quatre ans : «Faire cesser pour de bon la construction du gazoduc Nord Stream 2.»
Le projet, d’un montant de près de 10 milliards d’euros associe principalement le géant russe Gazprom à cinq groupes européens : le français Engie, les allemands Uniper et Wintershall, l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell. Perturbé par d’innombrables sanctions de la part des Etats-Unis, le chantier a néanmoins repris en février.
Le 17 mai, cité par l’agence Interfax, Mathias Kruse, consul d’Allemagne à Ekaterinbourg, a annoncé qu’il ne restait plus que 80 kilomètres du gazoduc à construire contre 120 à la fin du mois de mars et qu’il était donc achevé à 95%. A la bourse de Moscou les actions de Gazprom ont augmenté de 4% cette semaine.