Dette : les dépenses du budget 2022 s'envolent avant la présidentielle
A sept mois de la présidentielle, le gouvernement continue d’ouvrir les cordons de la bourse avec un budget en déficit d’au moins 5%. La reprise attendue à 6% du PIB sera insuffisante pour financer ces dépenses à la charge de la collectivité.
Le ministre français de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire peut bien affirmer, comme il l’a fait le 9 septembre devant les députés : «La bonne tenue des comptes publics est dans l'ADN de la majorité et elle a montré qu'elle savait le faire», le déficit public n’est pas près de se résorber et devrait au contraire continuer de s’aggraver.
Ainsi, selon le projet de budget 2022 présenté en juillet, les dépenses de l'Etat devraient globalement augmenter de 10,8 milliards d'euros par rapport à 2021, et atteindre près de 300 milliards d'euros. Elles profiteront aux principaux ministères comme l’Intérieur (+1,5 milliard), la Défense (+1,7 milliard) ou encore l’Education nationale (+1,6 milliard).
Elles avaient déjà augmenté de 96 milliards d’euros en 2021, et pas seulement en raison de la crise sanitaire comme le montre le dernier rapport de la Cour des comptes publié le 9 septembre.
Le gouvernement devrait dévoiler son projet de loi de finances pour 2022 le 29 septembre en Conseil des ministres, mais l’addition finale devrait être encore plus salée que prévue, puisque le dernier document connu n’intégrait pas l’effet de plusieurs annonces récentes, à savoir le plan d'investissement et le revenu d'engagement pour les jeunes.
Budget en déficit de 5%
En 2022, la prévision de déficit public de 4,8% du PIB (après 8,4% attendus en 2021) semble donc déjà obsolète. Le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a d'ailleurs lui-même évoqué un déficit «à 5%» du PIB, le 16 septembre sur Sud Radio. Quant au député LREM Laurent Saint-Martin, rapporteur général du budget à l'Assemblée, cité par l’AFP, il évoque une augmentation des dépenses non pas de 10,8 milliards d’euros mais «autour de 16 ou 17 milliards d'euros». Toutefois, selon ce dernier, qui conteste tout «dérapage», ces dépenses supplémentaires seraient des «dépenses d'investissement».
Ces dernières semaines, le gouvernement a en effet multiplié les annonces : 2 milliards pour le dispositif MaPrimeRénov, 600 millions d'euros pour l'assurance récoltes des agriculteurs, 500 millions d'euros pour le Beauvau de la sécurité, ou encore 400 millions d'euros supplémentaires pour le financement des transports publics par les collectivités.
En matière fiscale enfin, on n’attend pas de mesures nouvelles. Mais depuis le début du quinquennat, le gouvernement a déjà, en période de croissance molle privé le budget de 50 milliards d'euros de recettes au travers de baisses d'impôts, comme la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF). En outre le projet de budget 2022 entérine la poursuite de la suppression de la taxe d'habitation pour les 20% de ménages les plus aisés et la baisse de l'impôt sur les sociétés.
Ce projet de loi de finances (PLF), le dernier du quinquennat d'Emmanuel Macron, sera sans doute amendé en cours d'année 2022 pour tenir compte des résultats des élections présidentielle et législatives.