En France, des ONG financent l'équipement militaire israélien grâce à des dons défiscalisés
Une enquête du média proche de La France insoumise Le Média TV révèle le financement d'équipements de l’armée israélienne par le biais de dons fait à des ONG par des contribuables français bénéficiant d’une défiscalisation.
«Comment nos impôts financent des drones pour l'armée israélienne». C’est le nom de l’enquête publiée par le site d’information Le Média TV, proche de La France insoumise (LFI). On y apprend que des dons exonérés d'impôts, censés être utilisés pour des causes caritatives, sont détournés pour financer des drones et de l'équipement pour l'armée israélienne.
RÉVÉLATIONS : DES SOLDATS ISRAÉLIENS OUVRENT DES DRONES FINANCÉS PAR NOS IMPOTS
— Le Média (@LeMediaTV) October 16, 2024
🎥 Des dizaines de milliers d'euro du contribuable français servent à acheter du matériel militaire aux soldats israéliens, mais alors comment ?
👉Une enquête de @nadiasweeny et @Nicomaypic.twitter.com/skUG45VIbh
Les journalistes Nadia Sweeny et Nicolas Mayart dénoncent un mécanisme détourné au profit de l’armée d’«Israël qui mène depuis 12 mois une guerre dévastatrice contre Gaza et le Liban».
En France, afin de favoriser l’activité des associations, notamment des organisations non gouvernementales (ONG), les donateurs peuvent bénéficier d'une réduction d'impôts de 66 % de leurs dons dans la limite de 20 % des revenus imposables. Concrètement cela revient à dire qu’un don de 1 000 euros ne coûte que 340 euros au donateur.
Tipat Mazal, une association en soutien à Tsahal
Les journalistes se sont intéressés à une association en particulier : Tipat Mazal, une organisation qui communique peu sur son activité, présentant seulement épisodiquement des livraisons de colis alimentaires sur une page Facebook sans préciser leur destination.
Le nom du site de l’association renvoie en réalité sur la page Instagram de celle-ci.
Créée en 2020 près de Paris, l’association détournerait les dons reçus vers l'achat d'équipements militaires pour les soldats israéliens. D’après Le Média, il est ici question de casques, de gilets tactiques et de dizaines de drones thermiques de dernière génération utilisés pour la reconnaissance sur le terrain et actuellement déployés dans le sud Liban.
Ce média précise qu’un Franco-israélien de 49 ans est une pièce maîtresse de ce dispositif : Yohan Sabatier, actif depuis le 7 octobre 2023 pour « porter assistance aux soldats israéliens sur le terrain », notamment aux réservistes qu'il juge peu équipés. Dans un entretien donné en mai 2024 sur une chaîne Youtube, ce dernier affirme: «Je suis là pour mon peuple et pour cette armée, et je suis en direct avec les militaires». Il explique par ailleurs donner du matériel à l’armée notamment des drones qui semblent être des drones d’observation, si l’on s’en tient à sa description : «Des drones pour leur permettre de voir ce qui se passait sans être en première ligne».
Les journalistes du Média affirment par ailleurs avoir accédé à la chaîne Telegram de l’association sur laquelle les donateurs étaient assurés de recevoir une attestation fiscale leur permettant de déduire leurs dons sans que soit mentionné aucun achat militaire.
Ce sont des vidéos sur les réseaux sociaux qui ont mis la puce à l’oreille des deux journalistes. On y voyait des soldats de Tsahal remercier Yohan Sabatier et les donateurs français pour du matériel militaire qu'ils ont pu acquérir grâce à la collecte de fonds.
Le média estime ainsi que 50 drones d'une valeur de 7 000 euros chacun ont été fournis aux soldats israéliens pour un total de 350 000 euros. Une fois l’enquête diffusée par Le Média, les vidéos de remerciement des soldats ont été supprimées et les collectes de fonds ont été clôturées.
Un précédant existe en la matière : en 2023, le ministère des Finances avait épinglé un dispositif analogue visant à soutenir les soldats israéliens. Les dons, défiscalisés, visaient alors à acheter de la nourriture, des vêtements et des produits d'hygiène. Le ministère français des Finances avait rappelé auprès du média Libération que ces pratiques sont illégales et non éligibles à une déduction fiscale.