«Il n’y aura pas de pitié» : colère d'un syndicaliste agricole après les propos tenus par un agent de l'État
Plusieurs ministres ont condamné le 30 janvier les propos du secrétaire général de la Coordination rurale, qui aurait menacé de s’en prendre aux véhicules de l’Office français de la biodiversité après que l'un d'eux a comparé les agriculteurs à des dealers. Des propos qui ont été rapportés à la veille des élections dans les chambres d’agriculture.
«Ces propos sont inacceptables», a dénoncé le 30 janvier sur X la ministre de l’agriculture Annie Gennevard, avant d’affirmer son «total soutien aux agents de l’État».
Cette condamnation fait suite aux propos rapportés plus tôt le même jour, par le quotidien Le Monde, et attribués à Christian Convers secrétaire général de la Coordination rurale (CR). La CR, «dont les discours et les méthodes se rapprochent de l’extrême droite», a dressé comme tableau le quotidien du soir.
Ces propos sont inacceptables. Je suis en total soutien aux agents de l’Etat. Les propos outranciers d’individus isolés, de part et d’autre, doivent cesser.
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) January 30, 2025
Plutôt que l’antagonisme, le gouvernement a fait le choix de la conciliation.
Il est nécessaire de reconstruire des…
«Une voiture de l’OFB [Office français de la biodiversité, ndlr.] qui entre dans une exploitation sera brûlée sur place» aurait-il ainsi déclaré, le 21 janvier, lors d'une réunion de campagne de la Coordination rurale (CR) à laquelle Le Monde a assisté.
Des propos également condamnés par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, qui a appelé «chacun à la responsabilité et à l’apaisement», et de conclure : «cette escalade verbale doit cesser».
«Les personnes seront épargnées, par contre, les voitures…»
Escalade, car ces paroles du syndicaliste surviennent après qu'un agent de l'OFB avait comparé les agriculteurs à des «dealers». Des propos qu'Annie Gennevard avait également condamnés, fustigeant un «état d’esprit qui trahit les missions de cet organisme» et porte «atteinte à l’image des agriculteurs».
Sur France inter, le 15 janvier, cet agent de l'État avait déclaré avoir «le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c'est ne plus nous voir dans leurs exploitations». «C'est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités» avait-il enchaîné.
«Ça va se passer comme ça. On a été assimilés à des dealers. Des dealers dans une zone de non-droit, ça brûle […] Il n’y aura pas de pitié, les personnes seront épargnées, par contre, les voitures…» aurait délaré Christian Convers ce fameux 21 janvier.
Des paroles qui n’ont refait surface que le 30 janvier, soit au lendemain du début de la réserve électorale. Les responsables syndicaux de la Coordination rurale n’ont ainsi pas pu réagir, ou démentir ces propos rapportés dans la presse ni répondre aux ministres qui se sont exprimés sur le sujet.
⚠️NOUS ENTRONS EN PÉRIODE DE RÉSERVE ÉLECTORALE#CoordinationRurale#AgriculteursEnColère#CriseAgricole#AgricultureFrançaise#UrgenceAgricole#CR#bonsenspaysan#levoteutile#ElectionChambre#ChambreAgriculturepic.twitter.com/MYKkJiwPtb
— Coordination Rurale (@coordinationrur) January 29, 2025
Alors que les élections pour les chambres d’agriculture se terminent le 31 janvier, la période de campagne qui a démarré le 7 janvier aura été marquée par de vifs accrochages et des actions de terrain.
La FNSEA et Jeunes agriculteurs, les deux syndicats majoritaires, sont les favoris du scrutin mais la colère du monde paysan pourrait bénéficier à la Coordination rurale considérée comme plus proche des petits exploitants. Enfin la Confédération paysanne, très marquée à gauche, entend également tirer son épingle du jeu.