Bercy sonne l’alarme : 35 milliards d’euros d’économies à trouver dès 2026

Une note confidentielle de Bercy, datée du 26 février 2025, révèle l’ampleur des efforts budgétaires à venir. Pour tenir ses objectifs contre le déficit, le gouvernement devra dégager 35 milliards d’euros d’économies dès 2026, un défi colossal partagé entre État, collectivités et Sécurité sociale.
Une nouvelle fois, Bercy tire la sonnette d’alarme. Selon les «budgets économiques d’hiver» obtenus par L’Opinion, une note confidentielle du Trésor, datée du 26 février 2025, met en lumière les défis budgétaires qui attendent la France. Si l’objectif de ramener le déficit public à 5,4% du PIB en 2025 reste atteignable, il nécessitera dès cette année 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires. Mais le véritable choc viendra en 2026, où 35 milliards d’euros devront être trouvés pour maintenir le cap vers une réduction à 3% d’ici à 2029, comme promis par le gouvernement.
Un effort titanesque pour les finances publiques
L’an dernier, cette même note avait déjà alerté sur un dérapage du déficit, passé de 4,4% à 5,7% du PIB. En 2025, la situation semble moins alarmante, mais reste fragile. Le Trésor souligne un «risque haussier» sur l’objectif de 5,4%, lié à des rentrées fiscales incertaines et à une croissance prévue à 0,9%, jugée optimiste. Pour y parvenir, des «mesures de gestion» seront indispensables, notamment via des coupes dans les budgets des opérateurs publics et une maîtrise stricte des dépenses de santé. «Le respect des plafonds de dépenses de l’État et des opérateurs nécessitera d’importants efforts», insiste le document signé par Bertrand Dumont, directeur général du Trésor.
Mais c’est à l’horizon 2026 que l’effort s’annonce titanesque. À politique inchangée, le déficit grimperait à 5,9% du PIB, porté par des dépenses dynamiques comme la charge de la dette, les contributions à l’Union européenne et les coûts de santé. Sans mesures correctives, le déficit stagnerait autour de 6% jusqu’en 2029, loin de l’objectif des 3%. Pour inverser la tendance, le Trésor estime qu’il faudra mobiliser 100 milliards d’euros d’ici la fin de la décennie, dont 35 milliards dès 2026 pour passer sous la barre des 5%.
Le gouvernement Bayrou face à la réalité des comptes publics
Cet effort, qualifié d’«exceptionnel» par Bercy, ne pourra se limiter à des ajustements techniques. «Vu son ampleur, il devra être partagé entre tous les secteurs des administrations publiques», prévient le Trésor, pointant du doigt les collectivités locales et la Sécurité sociale. Exit les simples «rabots» budgétaires : des choix politiques profonds seront nécessaires. La note évoque implicitement des réformes structurelles, sans préciser lesquelles, laissant planer l’hypothèse de hausses d’impôts ou de coupes dans les services publics.
Face à ce tableau, le gouvernement se trouve dans une position délicate. Les promesses de redressement budgétaire se heurtent à une réalité économique incertaine et à des attentes sociales élevées. Si la croissance reste en deçà des 1,2% prévus pour 2026, l’équation deviendra encore plus complexe. Bercy appelle ainsi à une action rapide et concertée, avertissant qu’«une part conséquente de cet effort devra être concrétisée dès 2026». Un défi qui promet des débats houleux dans les mois à venir d’autant que le gouvernement a ouvert un «conclave» sur la réforme des retraites qui pourrait déboucher sur des modifications de la réforme au printemps 2025 et que Paris envisage de doubler ses dépenses militaires.