Sébastien Lecornu veut lever une réserve de 100 000 hommes pour l’armée française

Face à la multiplication des crises, Sébastien Lecornu rejette le service militaire obligatoire et mise sur une réserve de 100 000 hommes, professionnalisée, pour renforcer l’armée française dans un contexte de tension continentale et d’incertitude internationale.

Alors que les tensions s'aggravent, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a exposé, le 13 mars 2025 sur France 2, sa vision pour l’armée de demain. Exit le retour du service militaire obligatoire, abandonné en 1996 sous Jacques Chirac : «Combattre est incontestablement un métier», a-t-il affirmé. À la place, il propose de porter la réserve opérationnelle à 100 000 hommes, contre 44 535 aujourd’hui (au 1er octobre 2024). Avec 205 000 militaires d’active et un objectif de 210 000, cette montée en puissance vise à répondre à la «multiplication des crises» notamment la guerre en Ukraine mais aussi les menaces spatiales.

La réserve et la «guerre des étoiles» du ministre Lecornu

Sébastien Lecornu ambitionne un ratio d’un réserviste pour deux militaires d’active, contre un pour six auparavant. «Ça a beaucoup de valeur», a-t-il souligné, voyant dans cette réserve professionnalisée un levier pour les décennies à venir, bien au-delà de 2027, fin du mandat d’Emmanuel Macron. Sur France Inter, le 6 mars, il déplorait : «Nous n’avons pas assez de réservistes», appelant à «accélérer leur durcissement» pour répondre aux sollicitations en France et à l’étranger. Ces volontaires, âgés de 17 à 72 ans, suivent une formation et s’engagent pour des contrats rémunérés de un à cinq ans pour une rémunération souvent très faible allant de 40 euros pour les soldats du rang à 200 euros pour certains officiers.

Le contexte géopolitique motive cette réforme. Reprenant les termes utilisés par Emmanuel Macron sur la «menace russe» Sébastien Lecornu a alerté sur une «militarisation de l’espace». «Nous pourrions connaître une forme de guerre des étoiles», a-t-il prévenu, citant des risques comme la destruction de satellites par lasers ou aveuglement. «Si nous ne nous réveillons pas, nous pouvons décrocher», a-t-il insisté.

Face aux appels populaires pour un service militaire axé sur la mixité ou le permis de conduire, le ministre privilégie l’efficacité militaire. Macron, lui, insiste sur «l’engagement» citoyen. Avec un objectif intermédiaire de 52 000 réservistes d’ici 2026, ce projet de 100 000 hommes devra être repris par le successeur de l’actuel président en 2027 s’il veut être pérenne.