Christian Estrosi dans la tourmente : la gestion du Grand Prix de F1 du Castellet épinglée

Un rapport accablant de la chambre régionale des comptes pointe des irrégularités et un déficit de 28,1 millions d’euros dans la gestion du Grand Prix de F1 du Castellet, porté par Christian Estrosi. La justice enquête pour favoritisme et détournement de fonds publics.
La gestion du Grand Prix de France de Formule 1, organisé entre 2018 et 2022 sur le circuit Paul-Ricard au Castellet, fait l’objet d’une vive controverse. À l’origine de ce projet ambitieux, Christian Estrosi, alors président de la région PACA, se retrouve aujourd’hui sous le feu des critiques. Un rapport provisoire de la chambre régionale des comptes (CRC) Provence-Alpes-Côte d’Azur, révélé par Le Monde, dresse un bilan sévère de la gouvernance du Groupement d’intérêt public (GIP) chargé de l’événement.
Des pertes de près de 30 millions d’euros
Le document met en lumière un modèle économique « non soutenable », avec des pertes cumulées de 28,1 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 137 millions. Près de 50 % du budget provenait de fonds publics, mobilisant 101,5 millions d’euros, dont 21,4 millions de la région PACA et 10,2 millions de Nice. La CRC pointe des « irrégularités » dans les marchés publics, notamment des contrats attribués sans mise en concurrence, comme ceux confiés au cabinet CPC, proche d’Estrosi, pour 1,2 million d’euros. Ces pratiques soulèvent des soupçons de favoritisme, un délit actuellement sous enquête par le parquet de Marseille depuis septembre 2023.
Le rapport critique également des « défaillances » de gouvernance, notamment une confiance excessive dans l’équipe dirigeante et un conseil d’administration peu impliqué. Des dépenses somptuaires, comme 25 700 euros en hôtellerie de luxe en 2021, illustrent un « train de vie » jugé excessif. Le contrat avec Formula One Group, prévoyant une redevance annuelle de 19,1 millions d’euros, a plombé les finances, rendant l’équilibre impossible face à des recettes limitées à la billetterie.
La promesse de retombées économiques importantes pour la région, avancée par Christian Estrosi, est également remise en cause. La CRC juge les estimations exagérées, basées sur une méthodologie simpliste. Alors que le GIP a été liquidé en mars 2024, une dette de 12 millions d’euros subsiste, provoquant des tensions entre collectivités. Certaines, comme la communauté de communes Sud Sainte-Baume, dénoncent des pressions pour payer des sommes disproportionnées.
Christian Estrosi, par la voix de son avocat, conteste la diffusion du rapport provisoire et refuse de commenter. Le rapport final, attendu d’ici à l’été 2025, pourrait aggraver les conséquences judiciaires et politiques de cette affaire.