Visite officielle d’un ex-djihadiste à Paris : la droite s’alarme

La venue à Paris d’Ahmed al-Chareh, président syrien contesté, suscite l’indignation de Marine Le Pen. Elle fustige le passé islamiste du dirigeant, tandis que l’Élysée évoque sa volonté de soutenir une Syrie stable.
L’annonce de la visite officielle à Paris d’Ahmed al-Chareh, actuel chef de l’État syrien depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre dernier, suscite une vive polémique. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a exprimé son indignation sur X, qualifiant cette décision de « provocation » et parlant d’« irresponsabilité ». Elle dénonce le passé djihadiste du dirigeant syrien, qu’elle accuse d’avoir été affilié à des groupes extrémistes tels que Daech et Al-Qaïda.
Dans son message, Marine Le Pen rappelle les lourds traumatismes laissés par les attentats islamistes en France, soulignant que les milices actuellement au pouvoir en Syrie seraient responsables de violences graves à l’encontre des minorités. Selon elle, accueillir à l’Élysée un ancien combattant de groupes terroristes revient à porter atteinte à la mémoire des victimes et à l’image de la France à l’étranger. « Une fois encore, Emmanuel Macron abîme l’image de la France et discrédite son engagement, notamment auprès de ses alliés, dans la lutte contre l’islamisme », a-t-elle indiqué.
Du côté de la présidence française, l’Élysée justifie cet accueil par la volonté d'encourager la transition vers une Syrie « libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne ».
Cette première visite d’Ahmed al-Chareh en Europe intervient alors que le gouvernement syrien cherche à redorer son image à l’international. L’un des enjeux clés reste la possible levée des sanctions imposées au régime précédent, ce qui pourrait ouvrir la voie à une normalisation progressive des relations diplomatiques entre la Syrie et l’Occident.
La France avait rompu ses relations avec Damas dès 2012, en plein conflit entre le gouvernement de Bachar el-Assad et les groupes djihadistes. Paris avait même appliqué des sanctions économiques pour contraindre les autorités syriennes à engager un processus de transition politique. L'Élysée maintenait tout de même des liens avec les forces kurdes, stationnées à l'est de l'Euphrate, qu'elle épaulait avec ses forces spéciales.
L'ancien président syrien a été déchu suite à l'avancée fulgurante des miliciens de Hayat Tahrir el-Cham (HTC) fin novembre 2024, qui a abouti à la prise de Damas le 8 décembre dernier. Bachar el-Assad était au pouvoir depuis mai 2000, après la mort de son père qui gouvernait la Syrie depuis 1970.
Hayat Tahrir al-Cham figure toujours sur la liste des organisations terroristes de plusieurs pays occidentaux. Mohamed al-Joulani, de son vrai nom Ahmed al-Chareh, a été directement lié à Al-Qaïda et à l’État islamique. Il est le fondateur du Front al-Nosra, une branche syrienne d’Al-Qaïda, dont il a été le chef jusqu’en 2016. Par la suite, il a pris la tête de Hayat Tahrir al-Cham, née d’une scission du Front al-Nosra et d'autres groupes islamistes radicaux.