Marseille : les riverains réclament une salle de consommation pour endiguer la crise de la drogue

À Marseille, des riverains et associations demandent une «salle de shoot» pour répondre à l’explosion de la toxicomanie à Belsunce, après l’abandon du projet en 2024. Soutenus par le procureur, ils plaident pour une approche sanitaire face aux nuisances et à l’insécurité.
Dans le centre-ville de Marseille, particulièrement autour du quartier de Belsunce et de la gare Saint-Charles, la consommation de drogues dures, notamment le crack et la cocaïne, a explosé, transformant les rues en scènes de détresse sanitaire et sociale.
Face à cette crise, des collectifs de riverains, aux côtés d’associations comme Médecins du Monde, AIDES et ASUD Mars Say Yeah, demandent, dans un communiqué du 1er août 2025, la réouverture des discussions pour implanter une Halte Soins Addictions (HSA), communément appelée « salle de shoot ».
Un projet qui fait consensus
Ce projet, abandonné en janvier 2024 sous la pression du ministère de l’Intérieur et d’opposants locaux, est perçu comme une réponse urgente à un problème de santé publique. Les habitants, lassés de voir seringues usagées et consommateurs en errance près des écoles, décrivent une situation intenable : agressions, insécurité et tensions croissantes avec les toxicomanes.
Les HSA, expérimentées avec succès à Paris et Strasbourg depuis 2016, permettent aux usagers de consommer dans un cadre médicalisé, réduisant les risques sanitaires (VIH, hépatites) et les nuisances publiques comme les injections dans la rue. À Belsunce, où l’association ASUD a vu le nombre de ses bénéficiaires passer de 499 en 2023 à 636 en 2024, avec une projection de 1 000 en 2025, la nécessité d’une telle structure est criante.
Les riverains, autrefois réticents, soutiennent désormais cette solution, conscients que l’approche répressive seule est inefficace. Une habitante, citée par des médias français, témoigne de l’évolution des pratiques : « Depuis un an, le produit a changé, on est sur du crack, et les consommateurs sont plus visibles. »
Les associations réclament également un accès au logement pour les plus précaires et la réouverture de centres médico-psychologiques. Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, soutient cette initiative, estimant qu’il faut « traiter le toxicomane médicalement pour le sortir de la voie publique ». Cependant, le projet suscite toujours des oppositions, notamment de riverains du 4e arrondissement, où une HSA était prévue en 2024, qui craignaient une concentration de toxicomanes près des écoles.