Crise politique en France : Retailleau pose les «limites» d’une participation de LR au gouvernement Lecornu

Immigration, «assistanat», taxe Zucman : lors d'un rassemblement militant dans le Bas-Rhin, le président des Républicains et ministre de l’Intérieur démissionnaire a évoqué ce 14 septembre les «limites» à la participation de son parti à tout gouvernement de Sébastien Lecornu.
« Si demain devait s'instaurer au gouvernement cette espèce de confusion, ce mélange droite-gauche, avec un cap qui ne serait pas clair, qui est-ce qui serait le bénéficiaire ? Pas nous, ce serait les deux ailes radicales », a averti ce 14 septembre le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, lors d'un rassemblement des Républicains (LR) à Drusenheim (Bas-Rhin).
Alors que le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, entend convaincre au-delà du camp macroniste pour espérer faire adopter un budget cet automne, le patron des LR a posé des « limites » à la participation de son parti au futur gouvernement. « La première, c'est l'intérêt supérieur de la nation, de la France, et l'autre, ce sont nos convictions », a déclaré Retailleau.
« Si demain une politique devait être faite pour satisfaire la gauche, si demain on devait instituer la taxe Zucman [...] avec cette taxe-là, nos propres entreprises pourraient s'enfuir, on pourrait assister à une délocalisation. Donc sans doute dialoguer, mais pas au mépris des intérêts supérieurs de notre pays », a déclaré Bruno Retailleau. Autre ligne à ne pas franchir pour ce dernier : que la thématique de l’immigration soit sacrifiée sur l’autel d’une entente avec la gauche française.
« Si demain, on me disait “mais Bruno, fais-toi une raison, la gauche française ne veut pas entendre parler de durcissement sur l'immigration”, que devrions-nous faire, nous trahir ? » a poursuivi le locataire de la Place Beauvau et enchaîné : « Si demain on nous disait “il faut continuer l'assistanat” [...], que devrions-nous faire ? ».
Impôts : le promoteur de la taxe Zucman propose que les patrons puissent «payer en nature»
Inclus dans le projet de contre-budget du Parti socialiste, la taxe dite « Zucman », viserait à imposer un « impôt plancher » de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, en incluant les participations à des entreprises. Son théoricien, l’économiste Gabriel Zucman, prétend que s’il était mis en œuvre, cet énième prélèvement obligatoire en France pourrait rapporter jusqu’à 20 milliards d'euros par an aux caisses de l’État.
Face à la levée de boucliers, nombre d’observateurs soulignant que des dirigeants d’entreprises valorisées à plusieurs centaines de millions d’euros n’auraient pas les moyens financiers de régler une telle taxe, ce même économiste a suggéré dans une interview au Monde publiée le 11 septembre de « permettre aux personnes concernées de payer l'impôt en nature, en apportant des titres de leur entreprise ».
Les personnalités politiques du centre et de la droite ne sont pas les seules à mettre en garde contre ce projet de taxation. Dénonçant des propositions socialistes « déconnectées de la réalité » et mettant en garde contre leur « effet récéssif », le président du Mouvement des entreprises de France (Medef) Patrick Martin a brandi la menace d’une « grande mobilisation patronale » en cas de hausse de la fiscalité sur les entreprises.
La création de cette taxe « sur le patrimoine des ultra riches » avait été adoptée en février par l’Assemblée nationale, à travers une proposition de loi, avant d’être retoquée par le Sénat en juin.