Le torchon brûle : Delphine Ernotte charge les médias Bolloré et défend l’audiovisuel public

Dans un entretien au Monde du 18 septembre, Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, qualifie CNews de «chaîne d’extrême droite» et dénonce une «campagne de dénigrement» orchestrée par la galaxie Bolloré contre les médias publics.
Le conflit entre l’audiovisuel public et les médias Bolloré explose. Le 5 septembre, le média L’Incorrect, a diffusé une vidéo de Patrick Cohen (France Inter, France 5) et Thomas Legrand (France Inter, Libération) discutant avec des responsables du Parti socialiste. Legrand y dit : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi », visant Rachida Dati, ministre de la Culture candidate à la mairie de Paris.
🚨[ EXCLU ] : L'Incorrect publie la vidéo.
— Juliette Briens (@JulietteBriens) September 5, 2025
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Hors antenne, ces mots n’en enflamment pas moins CNews, Europe 1 et Le JDD, qui y voient une collusion gauche-médias publics et une partialité flagrante.
Auditionnée le 17 septembre par l’Arcom avec Sibyle Veil (Radio France), Delphine Ernotte Cunci dénonce dans un courrier une « campagne de dénigrement systématique et quotidienne » par CNews et Europe 1 sans s’exprimer sur le fond de l’affaire. Dans Le Monde, elle affirme : « La galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public, réclame sa privatisation et l’exprime avec violence ».
Elle va jusqu’à qualifier CNews de « média d’opinion » et de « chaîne d’extrême droite ».
La réponse des principaux intéressés fuse. Pascal Praud, dans L’Heure des pros (CNews et Europe 1), accuse : « Mme Ernotte met une cible sur nos vies, elle les met en danger ! ».
«Madame Ernotte met une cible sur nos vies, elle met une cible sur les gens qui sont sur le terrain, c'est irresponsable», insiste Pascal Praud, à propos de l'accusation de la patronne de France Télévisions à l'encontre de CNEWS, dans #HDProspic.twitter.com/po4z5X5Zvp
— CNEWS (@CNEWS) September 18, 2025
Arnaud Lagardère (Europe 1) et CNews publient des communiqués contre ces « attaques excessives », défendant l’impartialité publique. À 18 mois de la présidentielle 2027, la question de la privatisation des médias publics revient régulièrement dans les débats dans la presse de la sphère Bolloré.
Au-delà des critiques de la concurrence, Delphine Ernotte déplore le manque de soutien public avec 25 % d’inflation absorbée en dix ans sans hausse budgétaire, et des coupes de 70 millions d’euros pour 2025. « Si ce soutien garantit indépendance et financement pérenne, on ne l’a pas », regrette-t-elle, citant la Suède et l'Ukraine, où les crises épargnent les crédits publics.
Elle dénonce la « post-vérité » de ce qu’elle nomme les réseaux « trumpiens » et dit redouter les ingérences étrangères dans un monde instable.
Par ailleurs, celle qui veut évincer les hommes blancs de plus de 50 ans du service public amorce un revirement notable en lâchant la réforme de gouvernance de Rachida Dati : « Les conditions ont changé. Sans visibilité budgétaire, ça n’a pas de sens », dit-elle, visant implicitement les critiques printanières de la ministre démissionnaire critiquée par les journalistes du service public Patrick Cohen et Thomas Legrand.
Ce bras de fer entre le média public marqué à gauche et les chaîne de la sphère Bolloré qui penchent à droite devrait s’accentuer à l’approche des élections municipales de 2026 puis de la présidentielle de 2027.