Les Républicains au bord du gouffre : six ministres exclus pour avoir rejoint le gouvernement Lecornu II

Les Républicains (LR) s’enfoncent dans la crise après l’exclusion de six membres ayant intégré le gouvernement Lecornu II, contre la volonté du parti. Bruno Retailleau, président de LR, perd en autorité, tandis que les divisions entre sénateurs et députés s’accentuent.
Le bureau politique des Républicains s'était prononcé sans équivoque ce samedi 11 octobre : pas de participation au gouvernement de Sébastien Lecornu. Pourtant, six figures du parti ont défié la consigne en rejoignant l’exécutif annoncé dimanche soir. Une décision qui s'est soldée par leur exclusion immédiate. L'autorité de Bruno Retailleau, président du parti, en sort fragilisée, révélant une fracture béante entre sénateurs et députés.
Une fronde qui fissure la droite
Annie Genevard (Agriculture), Rachida Dati (Culture), Philippe Tabarot (Transports), et les nouveaux entrants Vincent Jeanbrun (Logement), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Commerce extérieur) ont bravé l’interdit. Dans un communiqué, LR annonce que ces membres « ne peuvent plus se réclamer » du parti et perdent leurs fonctions dans ses instances.
🔴 Communiqué des Républicains suite à l’annonce de la composition du gouvernement ⤵️ pic.twitter.com/kjC1RWa4AN
— les Républicains (@lesRepublicains) October 12, 2025
Une réunion prochaine statuera définitivement sur leur sort. Annie Genevard, ex-présidente de la commission nationale d’investiture, revendique sur X : « Je demeure pleinement fidèle à mon parti et à mes convictions ».
Cette fronde reflète les tensions internes exacerbées par la réunion houleuse du bureau politique. Les sénateurs soutiennent Retailleau, mais les députés, menés par Laurent Wauquiez, penchent majoritairement pour une participation, craignant une dissolution et une percée du RN.
Vincent Jeanbrun, député du Val-de-Marne, avait salué le 10 octobre le retour de Lecornu comme une « chance pour la stabilité ». Trois jours plus tard il a rejoint le gouvernement.
Pour réparer les quartiers et rétablir la République, il y a urgence à changer la vie des Français qui vivent dans nos QPV et faire face à la crise du logement.
— Vincent Jeanbrun (@VincentJeanbrun) October 12, 2025
J'y mettrai toute mon énergie. C'est dans cet esprit que j'ai accepté d'intégrer le Gouvernement de @SebLecornu. 🇫🇷
Ce schisme rappelle les débauchages macronistes de 2017, ravivant les « vieux démons » de la division. Bruno Retailleau, fort de son élection à 75 % en mai, comptait unifier LR sur une ligne d’opposition. Mais sa sortie du gouvernement, motivée par son rejet d’un exécutif macroniste, n’a pas entraîné tout le parti. Laurent Wauquiez, encore hostile à une participation il y a quelques semaines, laisse planer le doute sur sa stratégie, tandis que Valérie Pécresse s’en tient prudemment à alerter sur une hypothétique suspension de la réforme des retraites : « Ce serait d’une immense gravité ».
Les 50 députés LR, souvent élus grâce à leur ancrage local, redoutent un scrutin anticipé, inquiétude qui ne touche pas les sénateurs du parti protégés par le mode de scrutin.
Bruno Retailleau joue désormais son va-tout en organisation une consultation des militants du parti pour clarifier la ligne qui sera celle de LR.