La jeunesse française déclassée : un constat amer du Haut-Commissariat au Plan

Dans une note flash publiée le 21 octobre, le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan alerte sur le déclassement réel de la jeunesse française. Plus diplômés qu’en 1975, les moins de 30 ans peinent pourtant à faire face à la précarité, à l’accès au logement et à une nostalgie partagée par 67 % d’entre eux : «c’était mieux avant».
L’étude du Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan, intitulée « Jeunesse d’hier et d’aujourd’hui : le grand déclassement ? », compare la situation des jeunes en 2025 à celle de 1975, révélant un malaise générationnel.
🧒 Jeunesse d’hier et d’aujourd’hui : le grand déclassement ? pic.twitter.com/PyxMQNpTap
— Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan (@StrategiePlan) October 21, 2025
Trois Français sur quatre, dont deux sur trois de moins de 35 ans, regrettent un passé perçu comme plus favorable. Au-delà de la nostalgie, les chiffres révèlent une pauvreté galopante, entre progrès éducatifs de façade (les diplômes) et fragilités socio-économiques.
Précarité et érosion des diplômes : les racines du malaise
Les jeunes d’aujourd’hui sont mieux diplômés : plus d’un sur deux détient un diplôme supérieur, contre un sur cinq en 1975, mais le niveau général a chuté et l’insertion professionnelle s’est dégradée. En 2023, seuls 43 % des moins de 25 ans en emploi bénéficient d’un CDI ou d’un statut de fonctionnaire, contre 75 % en 1982. Les contrats courts — CDD, intérim et apprentissage (29 % des jeunes en 2023, contre 6 % en 1982) — marquent des transitions chaotiques. « L’évolution de la structure des emplois n’a pas suivi celle des qualifications », soulignent les auteurs, Antoine Bristielle, Anne Bucher et Pierre-Yves Cusset.
Le rendement des diplômes s’est érodé, alimentant un sentiment de dévalorisation.
🎓 La jeunesse actuelle est plus diplômée, mais la valeur des diplômes sur le marché du travail s’est érodée. pic.twitter.com/HhmswQ6qjC
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Sur le front des revenus, les jeunes de 2025 gagnent plus qu’en 1975, ajustés à l’inflation. Mais cette hausse, inférieure à celle du PIB par habitant, reste en deçà de celle des seniors. Leur position relative dans l’échelle salariale a reculé, tandis que la protection sociale, malgré un poids accru pour financer retraites et santé, n’est pas plus généreuse.
Le Haut-Commissaire au Plan, Clément Beaune, successeur de François Bayrou et ancien conseiller d’Emmanuel Macron puis ministre, ne peut que constater, sur BFM Business le 22 octobre : « Le malaise des jeunes vient de la dévalorisation des diplômes et de la dégradation des conditions de logement. »
Le patrimoine concentré chez les plus âgés ⚖️
— BFM Business (@bfmbusiness) October 22, 2025
"Le malaise des jeunes vient de la dévalorisation des diplômes et de la dégradation des conditions de logement."
💬 @CBeaune
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Et en effet, le logement cristallise les frustrations : le poids des loyers a doublé entre 1975 et 2015, rendant l’accès à la propriété quasi impossible. Les plus de 60 ans concentrent désormais 70 % du patrimoine immobilier, contre une répartition plus équilibrée jadis.
🏠 L’accès difficile au logement représente aujourd’hui un puissant facteur de déclassement intergénérationnel pour de nombreux jeunes adultes. pic.twitter.com/ES3KTLtCJ5
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Les conditions de vie évoluent dans les paradoxes. Le temps de travail a diminué, le temps libre a augmenté, avec de « nouveaux droits » pour les femmes et les « minorités sexuelles ». Mais les trajectoires familiales se complexifient : monoparentalité en hausse, autonomisation parentale tardive. « Tout se passe comme si une forme de fragilité avait contaminé toutes les sphères, de la plus proche à la plus extérieure, de l’intime à l’état du monde et de l’environnement », écrivent les experts.