La bataille de l’«outil de travail» en France : symbole des tensions autour de la taxation des grandes fortunes

La bataille de l’«outil de travail» en France : symbole des tensions autour de la taxation des grandes fortunes© Getty Images
L'Assemblée nationale
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La réintroduction du débat sur l’exonération des biens professionnels réveille un vieux compromis né sous Mitterrand. La gauche défend une «taxe Zucman» globale sur les grandes fortunes, tandis que la droite et le gouvernement craignent pour la compétitivité. Entre équité fiscale et protection du capital productif, la fracture politique s’accentue.

L’histoire de l’« outil de travail » remonte à 1981, lorsque Liliane Bettencourt, craignant l’instauration de l’impôt sur les grandes fortunes (IGF), obtient de François Mitterrand une exemption sur ses actions L’Oréal, considérées comme un instrument professionnel.

Cette mesure, censée protéger les entrepreneurs, est aujourd’hui au centre d’un débat brûlant : faut-il continuer à exonérer les biens professionnels dans le cadre du futur impôt sur les grandes fortunes ? Le projet de loi de finances 2026, en discussion à l’Assemblée nationale, vise à taxer davantage les plus riches pour équilibrer les comptes publics.

Le sempiternel clivage gauche-droite

La gauche, emmenée par l’économiste Gabriel Zucman, défend une taxe sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, incluant les participations dans les entreprises. Selon elle, exclure ces actifs reviendrait à vider l’impôt de sa substance, car c’est là que se concentre l’essentiel de la richesse contemporaine.

En face, le gouvernement et la droite rejettent catégoriquement cette approche. Pour le Premier ministre Sébastien Lecornu, toucher au patrimoine professionnel reviendrait à « tuer la vache à lait », affaiblissant les entreprises qui font vivre l’économie française.

Les représentants du patronat, à commencer par le président du Medef Patrick Martin, plaident pour préserver « l’appareil productif » et éviter une fuite des capitaux. Dans les coulisses, les lobbys économiques s’activent pour dissuader tout compromis qui remettrait en cause cette niche fiscale emblématique. Le gouvernement propose en alternative une taxe sur les holdings, visant les structures abritant les actifs des grandes familles, mais son rendement, estimé à seulement un milliard d’euros, est jugé très insuffisant.

Les socialistes défendent une version plus large, mais qui continuerait d’exonérer une partie des biens professionnels, notamment dans les entreprises familiales ou les start-up. Les économistes critiques, comme Camille Landais, y voient un compromis inefficace qui manquerait sa cible : les ultra-riches dotés de puissants outils d’optimisation fiscale.

Derrière ce débat fiscal, c’est une question politique et symbolique qui se joue : la France peut-elle taxer équitablement ses plus grandes fortunes sans pénaliser la création de valeur ? Quarante-quatre ans après la « clause Bettencourt », la bataille de l’« outil de travail » illustre la difficulté persistante du pays à concilier justice sociale, efficacité économique et courage politique.

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