«Le report de la réforme des retraites est une hérésie» selon le patron du Medef
© Compte X @JL7508Patrick Martin, président du Medef, fustige la suspension de la réforme Borne, débattue ce mercredi à l’Assemblée. Il y voit une «erreur fatale» qui creusera le déficit de 15 milliards d’euros d’ici 2035 et pèsera sur l’emploi et les contribuables.
Patrick Martin, à la tête du Medef, dénonce vigoureusement le report de la réforme des retraites de 2023, qualifié d’« hérésie » et d’« erreur fatale » dans un entretien donné au Figaro.
On ne répare pas un pays à coup de reports ou de suspensions.
— Patrick Martin (@PatrickMartin_1) November 11, 2025
La réforme des retraites, ce n’est pas une option — c’est une nécessité.
Reporter ou suspendre , c’est fuir les responsabilités. Et fuir, c’est condamner notre économie et nos jeunes.
👉 Mon interview @Le_Figaro…
Cette mesure, examinée ce 12 novembre à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), risque selon lui d’aggraver les finances publiques et l’économie française.
Une concession politique coûteuse et une «faute originelle»
« Ce report, c’est la faute originelle, l’erreur fatale », assène Patrick Martin. Pour le président du syndicat patronal : « les réformes Borne et Touraine ne suffisaient déjà pas à assurer l’équilibre des retraites. Et aujourd’hui, délibérément, on se prédispose à creuser encore le déficit des retraites de 15 milliards d’euros à horizon 2035 ».
Pour le patron des patrons, cette suspension, exigée par les socialistes pour éviter une censure du gouvernement Lecornu, n’est pas seulement une aberration budgétaire. Elle dégradera le taux d’emploi, qui pose déjà problème et pèsera inévitablement sur les contribuables via une fiscalité accrue. Le gouvernement a même élargi la mesure aux carrières longues et à certaines catégories de la fonction publique, portant le coût à 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027, financés par une hausse de la CSG sur le patrimoine. Patrick Martin y voit une « surenchère fiscale » : « Toutes les mesures d’économies sont annulées et compensées par une augmentation de la fiscalité. Je le redis, c’est l’inverse de ce qu’il faut faire ».
Sur X, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, partage cette indignation : « Jour funeste pour la France […] Combien d’impôts supplémentaires faudra-t-il voter pour combler un trou qui s’élève déjà à des dizaines de milliards par an ? ».
#Retraites. Jour funeste pour la France. Aujourd'hui le PS, le RN, avec l'appui des Macronistes & du Modem, votent la faillite programmée d'un des grands acquis sociaux de notre temps: notre droit à la retraite. Quand le mensonge, l'égoïsme et la lâcheté remplacent, en France,…
— Valérie Pécresse (@vpecresse) November 12, 2025
À l’inverse, la CGT, par la voix de Sophie Binet, appelle à la grève le 2 décembre pour accentuer la pression, voyant dans cette suspension une « brèche dans un totem du macronisme ».
À l’Assemblée, le vote s’annonce serré. PS, RN et Liot devraient approuver l’article 45 bis, tandis que LFI, LR et une partie d’Horizons s’y opposent. Les écologistes et les communistes hésitent, plaçant le MoDem et EPR en arbitres. Pour Patrick Martin, cette « captation du débat » par l’équité fiscale masque le vrai enjeu : produire plus de richesses. « La stabilité politique est souhaitable, mais à quel prix ? » interroge-t-il, consterné par des discussions qu’il juge « irresponsables » et court-termistes.