«Gros malin», «invraisemblances» : les réactions politiques à l'audition d'Alexandre Benalla
La prestation d'Alexandre Benalla devant la commission d'enquête du Sénat a laissé un goût amer à de nombreux élus qui ont parfois eu l'impression d'avoir été «menés en bateau» par l'ancien collaborateur de l'Elysée.
Alexandre Benalla a accepté de se rendre à la commission d'enquête sénatoriale ce 19 septembre pour répondre aux questions des sénateurs portant sur son rôle à l'Elysée jusqu'à son licenciement. Mais la séquence, très attendue, semble avoir laissé quelques élus sur leur faim, de droite comme de gauche. Ces derniers ont copieusement étrillé la défense de l'ancien collaborateur de l'Elysée. Interrogé par BFMTV, le sénateur Les Républicains (LR), Pierre Charon, a notamment estimé : «Il se fout de nous». Il a aussi qualifié Alexandre Benalla de «gros malin», avant de se demander : «De quoi ont-il peur ? Qu'a fait [Alexandre] Benalla pour avoir autant de soutiens gouvernementaux ?»
Pourquoi a-t-il bénéficié d’une protection qui a confiné au privilège ?
Le sénateur François Grosdidier, qui a posé plusieurs questions précises au cours de l'audition, a pour sa part jugé qu'elle n'avait «pas fait avancer la vérité». «On est toujours devant les mêmes invraisemblances. Ce qui est très gênant c'est qu'on se sente baladés et qu'on puisse nous asséner des contrevérités contredites par les faits, comme ça, sous serment», a-t-il encore déploré devant la presse.
[Alexandre] Benalla c’est le Tatayet d'[Emmanuel] Macron, cette petite marionnette qui dit en réalité ce que pense celui qui l’agite
Le porte-parole des LR, Gilles Platret, a manifestement trouvé que des zones d'ombre subsistaient et a posé une épineuse question sur Twitter : «L’audition d'[Alexandre] Benalla par la Commission d'enquête du Sénat n’a pas permis de lever le doute sur la seule question qui vaille : pourquoi a-t-il bénéficié, de la part du président de la République, d’une protection qui a confiné au privilège en dehors du cadre de la loi ?»
L’audition de M. Benalla par la #CommissionDenquete du #Sénat n’a pas permis de lever le doute sur la seule question qui vaille : pourquoi a-t-il bénéficié, de la part du président de la République, d’une protection qui a confiné au privilège en dehors du cadre de la loi ? pic.twitter.com/eev2Hf34l7
— Gilles PLATRET (@gillesplatret) 19 septembre 2018
Interrogé par l'AFP dans les couloirs de l'Assemblée nationale, le député Rassemblement national (RN) du Nord, Sébastien Chenu, s'est interrogé sur les relations entre Emmanuel Macron et Alexandre Benalla : «Est-ce que c’était M. Benalla qui protégeait le président de la République ? Où est ce que c’est le président qui est le garde du corps de M. Benalla ? «Alexandre Benalla a laissé des zones d’ombre très fortes et a aussi mené en bateau la représentation nationale [...] M. Benalla c’est le Tatayet de M. Macron, cette petite marionnette qui dit en réalité ce que pense celui qui l’agite», a poursuivi le député estimant que l'ancien collaborateur du chef de l'Etat avait été «très préparé par les communicants de l'Elysée»
Le secrétaire général du Parti communiste (PC), Pierre Laurent, a quant à lui ironisé sur la situation professionnelle actuelle d'Alexandre Benalla qu'il a mise en regard de la récente sortie d'Emmanuel Macron à un chômeur : «Situation professionnelle : "Pôle Emploi". Benalla n'a pas dû traverser la route...»
Situation professionnelle : "Pôle Emploi". #Benalla n'a pas du traverser la route...
— Pierre Laurent (@plaurent_pcf) 19 septembre 2018
Le député Insoumis, Eric Coquerel, s'est interrogé sur les raisons qui ont poussé Alexandre Benalla à demander un port d'arme : «Benalla l’homme qui frappe aussi fort qu’il ment mal. Une arme pour "raisons personnelles" ? L’arrêté qui l’y autorise parle de "missions de police"»
. Benalla l’homme qui frappe aussi fort qu’il ment mal. Une arme pour « raisons personnelles » ? L’arrêté qui l’y autorise parle de « missions de police » https://t.co/6tBRkeIN0i
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 19 septembre 2018
Interrogé sur Europe 1, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a déclaré : «L’affaire Benalla a fait du mal à la démocratie. Le président a couvert les exactions de l’un de de ses obligés dévoilant l'existence d'un clan au sommet de l’Etat.» Et de déplorer : «C’est insensé qu’un PR appelle le président du Sénat pour lui demander d’arrêter d’enquêter !»
L’affaire #Benalla a fait du mal à la démocratie. Le président a couvert les exactions de l’un de de ses obligés dévoilant l'existence d'un clan au sommet de l’Etat.
— Olivier Faure (@faureolivier) 19 septembre 2018
C’est insensé qu’un PR appelle le président du Sénat pour lui demander d’arrêter d’enquêter ! #Europe1
La sénatrice Esther Benbassa qui a posé plusieurs questions au cours de l'audition d'Alexandre Benalla a remis en cause sur Twitter la version défendue par l'ancien collaborateur de l'Elysée : «Encore une demie journée d’auditions. On n'en sait pas plus. Il a eu l’autorisation de port d’arme pour mission de police. Lui prétend que c’est pour sa sécurité personnelle. Un garde du corps menacé peut-il protéger un président ? Il occulte ses vraies fonctions à l'Elysée.»
Encore une demi journée d’auditions #Senat#Benalla. On ne sait pas plus. Il a eu l’autorisation de port d’arme pour #mission de police. Lui prétend que c’est pour sa #sécurité#perso. 1body guard menacé peut-il protéger 1#President? Il occulte ses vraies fonctions à l#Elysée.
— Esther Benbassa (@EstherBenbassa) 19 septembre 2018
Interrogé par Nice Matin, le sénateur Henri Leroy a fait part de ses doutes sur l'audition d'Alexandre Benalla : «Il a été très bien briefé. Ce n’est pas un reproche, c’est un constat. Il a répondu à toutes les questions de façon claire, ce qui ne signifie pas qu’il a dit la vérité. On a octroyé à M. Benalla trop de prérogatives qu’il n’a pas maîtrisées. Le seul qui pourrait dire la vérité sur son rôle exact, c’est Emmanuel Macron».