Nouvelles révélations dans l'affaire Benalla, l'enquête confiée à un juge d'instruction
- Avec AFP
Le parquet a annoncé que l'enquête sur le coffre-fort que possédait Alexandre Benalla à son domicile avait été confiée à un juge d'instruction. Dans le même temps, Chokri Wakrim continue de réclamer à être auditionné par l'autorité judiciaire.
L'enquête ouverte pour déterminer s'il y a pu avoir des dissimulations de preuves dans l'affaire du coffre-fort que l'ancien chargé de mission à l'Elysée, Alexandre Benalla, possédait à son domicile, a été confiée début novembre à un juge d'instruction, a annoncé le 14 novembre le parquet de Paris. Les investigations vont donc se poursuivre dans le cadre d'une information judiciaire, ouverte pour «soustraction de documents ou objets concernant un crime ou un délit en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité», a précisé le parquet.
Le parquet de Paris avait ouvert en février une enquête préliminaire pour déterminer s'il y avait pu avoir une «entrave à la manifestation de la vérité» dans le cadre des différentes enquêtes visant l'ancien chargé de mission à l'Elysée et son entourage. Les investigations portaient notamment sur le mystérieux coffre-fort qu’Alexandre Benalla utilisait pour stocker ses armes et qui n'était plus dans son appartement lors de la perquisition menée au début de l'affaire.
Cette armoire-forte «a dû être emmenée dans un lieu sûr par une personne mais ce n'est pas moi qui me suis occupé de cela», avait déclaré aux enquêteurs Alexandre Benalla en juillet 2018, selon son audition dont a eu connaissance l'AFP. Selon plusieurs médias, un conseiller d'Emmanuel Macron, Ludovic Chaker, et la femme d'affaires Pascale Perez font partie des principaux témoins auditionnés cette année.
Des informations sur un second coffre
Présenté dans la presse comme un possible transporteur du coffre, le militaire Chokri Wakrim a démenti publiquement ces soupçons, mais a insisté le 15 novembre pour être entendu dans l'enquête sur le coffre-fort de l'ancien chargé de mission de l'Elysée, assurant disposer d'«informations» sur l'existence d'un second coffre. Dans une lettre adressée au procureur de Paris Rémi Heitz, consultée par l'AFP, cet ancien proche d'Alexandre Benalla assure avoir sollicité à plusieurs reprises les enquêteurs en charge de l'affaire afin d'être entendu, jusqu'à présent sans succès.
Chokri Wakrim avait été accusé début 2019 dans un article du journal Libération d'avoir déplacé le coffre-fort d'Alexandre Benalla, introuvable lors d'une perquisition menée au domicile de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron. Il avait alors démenti tout rôle dans cette disparition. «Depuis lors, j'ai contacté à plusieurs reprises» le responsable de la brigade criminelle de Paris chargé de l'enquête «afin de pouvoir être entendu sur ces faits, établir sans ambiguïté ma pleine et entière innocence», explique dans son courrier Chokri Wakrim.
Le sous-officier de l'armée de l'air précise vouloir également «transmettre des informations» dont il assure avoir été «témoin», «concernant l'existence d'un deuxième coffre appartenant à Monsieur Benalla, présent à l'Elysée». Ce second coffre avait été évoqué en juillet par le militaire dans le magazine Envoyé spécial. Il expliquait alors que ce coffre avait été vidé par un garde du corps du président de la République, à la demande d'Alexandre Benalla.
«Le courrier» du sous-officier «devra être adressé au juge d'instruction lorsque celui-ci sera désigné», a souligné dans un communiqué de presse l'avocat de Chokri Wakrim, Maître Arié Alimi, s'étonnant que son client n'ait toujours pas été entendu par les enquêteurs. «Ces fausses révélations et le refus de m'auditionner ont eu un retentissement terrible sur ma vie personnelle et professionnelle», insiste de son côté Chokri Wakrim. Il assure que l'armée cherche à l'«évincer définitivement pour protéger la raison d’Etat».
Le sous-officier, dont l'ex-compagne a dû démissionner en février 2019 de son poste de chef de la sécurité de Matignon, a été mis en cause dans un autre volet de l'affaire Benalla, portant sur un contrat négocié avec un oligarque russe. Pour cette affaire, il a fait l'objet d'une sanction disciplinaire de cinq jours d'arrêt définitif et de trois mois d'arrêt avec sursis.
Au total, cinq procédures judiciaires ont été ouvertes dans la tentaculaire affaire Benalla. Ce dernier a été mis en examen à ce stade dans deux volets, portant sur des violences commises en marge du défilé du 1er-Mai 2018 et sur son usage abusif de ses passeports diplomatiques.