«Indépendance, relocalisation, démocratie» : Génération Frexit révèle ses ambitions pour la France
Une salariée de l'audiovisuel, un patron de PME ou encore un contrôleur financier : RT France a interrogé divers profils ayant participé à la création de Génération Frexit, qui entend provoquer un débat national sur la sortie de la France de l'UE.
«Le combat pour le Frexit continue ! Indépendance, relocalisation, démocratie... Reprenons le contrôle avec Génération Frexit ! Et créons la France de demain», peut-on lire dans la toute première publication partagée sur les réseaux sociaux, le 4 août, par «Génération Frexit». Le mouvement politique dont les statuts ont été déposés le 14 juillet 2020 a par ailleurs lancé une plateforme de soutien sur internet et annoncé la sortie de son site dédié à la fin du mois.
Le combat pour le Frexit continue ! Indépendance, relocalisation, démocratie... Reprenons le contrôle avec Génération Frexit ! Et créons la France 🇫🇷 de demain.#GénérationFrexit#Frexit#ReprenonsLeContrôlehttps://t.co/xFX6wKb42dpic.twitter.com/439pRbsmqo
— Génération Frexit (@GenFrexit) August 4, 2020
Après les récentes secousses qu'a connues l'Union populaire républicaine (UPR) − le premier parti politique à avoir revendiqué le Frexit comme socle électoral − et dans un contexte qui s'avère porteur d'initiatives souverainistes, RT France a contacté plusieurs membres fondateurs de cette nouvelle entité.
Il ne s’agit pas d’un énième parti, d'une énième chapelle. C’est une démarche ouverte
«Génération Frexit n’a pas grand-chose à voir avec l’UPR. Il s’agit d’un mouvement politique "a-partisan" pour défendre des idées. Il ne s’agit pas d’un énième parti, d'une énième chapelle. C’est une démarche ouverte», confie à RT France Charles-Henri Gallois, ancien membre du bureau national de l'UPR et auteur du livre Les Illusions économiques de l’Union européenne, paru aux éditions Fauves en octobre 2019.
L'ancien responsable aux questions économiques de l'UPR précise alors sa pensée : «Nous ne nous définissons pas comme un parti politique. [...] Nous sommes ouverts et discuterons avec ceux qui partagent cette ambition pour la France.» Contrôleur financier de profession, Charles-Henri Gallois déclare par ailleurs : «L’ambition la plus urgente est de mettre le Frexit et la nécessité d’un référendum au cœur du débat politique.»
Nos dirigeants se sont assis sur le référendum de 2005
La «trahison» fondatrice pour ces militants : la signature du traité de Lisbonne en 2007, deux ans après le référendum de 2005 sur la constitution européenne, à l'issue duquel le camp du «non» l'avait emporté à près de 55%. Les opposants à ce traité ont longtemps dénoncé une simple reformulation du texte contre lequel ils avaient voté le 29 mai 2005.
«Nos dirigeants se sont assis sur le référendum de 2005, ne respectant ainsi pas la volonté du peuple. Cela démontre leur volonté de nous soumettre à l'UE, qui s'est montrée incapable tout ce temps, sauf pour engranger les milliards», déclare Marianne Siv, ex-militante UPR et désormais coordinatrice de la cellule audiovisuelle de Génération Frexit.
Les Français ne se rendent pas compte que ce qui s'est passé en Grèce depuis la crise de 2008 commence à arriver en France
Egalement dans l'aventure, Antoine Ménard, patron d'une PME spécialisée dans les jeux vidéo, entend pour sa part promouvoir le lancement d'une campagne de pré-référendum sur le Frexit : «Une condition nécessaire» selon lui, pour «relancer le dynamisme du pays». «Ça part d'un constat simple, 15 ans après la trahison du "Non" [le référendum français du 29 mai 2005 sur le traité établissant une constitution pour l'Europe] avec le traité de Lisbonne, la France est déclassée dans tous les secteurs. Pour pouvoir réindustrialiser le pays, réinvestir dans la santé, dans l'enseignement et dans la recherche, sortir des politiques d'austérité, ou même faire une transition écologique, il faut que nous changions totalement notre façon d'appréhender la politique», confie-t-il à RT France.
L'euro et les traités européens brident totalement toute grande politique d'investissement pour le futur
«L'euro et les traités européens brident totalement toute grande politique d'investissement pour le futur et on ne peut pas compter sur la classe politique qui a entraîné notre déclassement pour nous relever. Les Français ne se rendent pas compte que ce qui s'est passé en Grèce depuis la crise de 2008 commence à arriver en France. Ils en sont à leur 15e réforme des retraites, celle-ci a fondu de 20 a 60% en 10 ans, nous ne voulons pas de ça», explique-t-il encore.
Sanctionnée dans les urnes, la politique de #Tsipras est saluée par le commissaire européen #Moscovici#Syriza#UE#Grèce 🇬🇷
— RT France (@RTenfrancais) July 8, 2019
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Le Frexit, «une trop belle idée pour avoir une image ringarde» ?
Depuis sa première publication sur les réseaux sociaux, Génération Frexit a rediffusé plusieurs messages publics d'anciens membres de l'UPR qui expliquent avoir quitté le parti fondé par François Asselineau, sans pour autant avoir abandonné le combat qu'ils y ont mené en faveur de la sortie de la France de l'Union européenne. Sur le fond, le message de nos trois interlocuteurs ne diffère en effet guère de l'engagement au nom duquel ils ont milité au sein de leur ancien parti.
C'est donc la forme qui aura poussé ces citoyens militants à entamer leurs récentes démarches. «Le Frexit est une trop belle idée pour avoir une image ringarde», souligne Charles-Henri Gallois, selon qui une sortie de l'UE est «un moyen, pas une fin en soi». Même son de cloche chez Marianne Siv, qui se montre particulièrement acerbe à l'encontre de son ancien parti «complètement old school et orienté pour ne servir qu'une personne : François Asselineau».
«Son fonctionnement est défaillant car il n'y a aucune organisation et surtout aucune volonté de structurer», estime cette habitante de Seine-Saint-Denis, pour qui l'UPR ne fait que «ridiculiser» et «ringardiser» le Frexit. «C'est pour cette raison que j'ai rendu ma carte en 2019», explique-t-elle.
«La majeure partie des responsables régionaux et départementaux de l'UPR ont déjà rejoint ce mouvement innovant, prêts à restructurer le maillage territorial pour ce premier objectif : informer réellement pour enclencher un référendum», affirme-t-elle.
Le Frexit est une idée moderne et le réveil de la France ne peut passer que par une reprise des manettes, c'est ce que sont en train de faire les Anglais
«Pour l'instant le mouvement est composé de plus de 200 membres fondateurs répartis sur tout le territoire, outre-mer inclus. Ce ne sont pas des adhésions à proprement parler. Les soutiens ne sont pas encore pris en compte mais ça sera le cas pour le lancement du site le 27 août», précise Antoine Ménard à ce sujet, ajoutant que «le mouvement est intergénérationnel mais il y a énormément de jeunes très motivés». «Le Frexit est une idée moderne et le réveil de la France ne peut passer que par une reprise des manettes, c'est ce que sont en train de faire les Anglais», insiste le militant.
Nous verrons ce qu’ils feront de mirobolant
Comme le rapporte Valeurs actuelles, une telle initiative n'a pas manqué de faire réagir François Asselineau. «C’est un énième mouvement qui se crée pour me faire de l’ombre. Ça devient une habitude. Nous verrons ce qu’ils feront de mirobolant», a-t-il ainsi déclaré auprès du magazine.
Quoi qu'il en soit, Génération Frexit ambitionne d'étendre à l'échelle nationale le débat public en faveur d'une sortie de la France des traités européens et son apparition s'inscrit dans une dynamique observée dans plusieurs pays de l'UE. Celle-ci se traduit tantôt par la montée en force de partis eurosceptiques à l'occasion d'élections, tantôt à travers la naissance de nouvelles formations politiques prônant la sortie pure et simple de l'Union européenne. A titre d'exemple, l'ancien journaliste italien Gianluigi Paragone, sénateur anciennement étiqueté Mouvement 5 étoiles, a récemment lancé son parti avec un objectif limpide : mener à bien l'Italexit.
Fabien Rives