Décompter un «courant de pensée» ? La ministre de la Culture défend la décision du CSA sur Zemmour
Alors qu'Eric Zemmour s'étonnait que la parole des éditorialistes mainstream ne soit pas comptabilisée, contrairement à son temps d'antenne, la ministre Roselyne Bachelot a tenté de justifier la mesure prise par le gendarme de l'audiovisuel.
«[Le Conseil supérieur de l'audiovisuel] constate que le courant de pensée représenté par monsieur Zemmour mérite d’être décompté» : c'est en ces termes que la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a justifié, ce 16 septembre sur CNews, la décision du gendarme de l'audiovisuel à l'encontre de l'éditorialiste.
Alors qu'Eric Zemmour n'a pour l'heure annoncé aucune candidature à la prochaine présidentielle malgré une rumeur médiatique persistante, le CSA avait demandé le 8 septembre que soit décompté son temps de parole «portant sur le débat politique national». Particulièrement contraignante pour C News où il participait à l'émission quotidienne «Face à l'info», cette décision de l'organisme de régulation a poussé la chaîne à écarter Eric Zemmour.
Roselyne Bachelot : «Eric Zemmour a tout à fait le droit de continuer sa carrière de journaliste […] Un média se doit d’exprimer toutes les opinions» dans #LaMatinalepic.twitter.com/vn81greZIX
— CNEWS (@CNEWS) September 16, 2021
De son côté, Roselyne Bachelot, qui a souligné n'avoir aucune «influence sur le CSA», a tenté de faire porter la responsabilité de cette décision sur la chaîne d'information. «Eric Zemmour peut tout à fait continuer son émission, il n’y a aucune interdiction émise par le CSA», a-t-elle ainsi souligné ce 16 septembre.
Le courant de pensée mainstream pas concerné ?
Pourtant, C News s'était elle-même dite «contrainte» de mettre fin à l'émission dans laquelle intervenait le polémiste. La journaliste Christine Kelly, sa partenaire dans «Face à l'info», n'avait d'ailleurs pas caché son indignation face à la situation, se disant «triste pour la liberté d'expression». «Eric Zemmour ne sera plus avec nous à partir de ce soir [...] Personnellement je regrette de ne plus l'avoir sur ce plateau», avait-elle confié en direct le 14 septembre à 19h. Et de préciser : «Même si nous sommes en désaccord avec cette décision du CSA, nous sommes obligés de respecter l'institution.»
Que l’on soit d’accord ou pas avec @ZemmourEric, la liberté d’expression est devenue une liberté sans expression. #facealinfo «19heures,c’est l’heure » pic.twitter.com/HeEjOUnVJg
— Christine KELLY (@christine_kelly) September 14, 2021
Réagissant à la décision du CSA, qui estimait qu'Eric Zemmour pouvait, dans la perspective de 2022, «être regardé dorénavant [...] comme un acteur du débat politique national», le principal intéressé s'était défendu dans une vidéo publiée sur sa nouvelle chaîne YouTube le 11 septembre.
«Depuis des mois, des ministres du gouvernement Castex, des députés En Marche, s’époumonaient contre ma présence à l’antenne de CNews. On se demandait vraiment ce qui les dérangeait. Le temps de parole de 99% des éditorialistes politiques qui professent tous les mêmes idées de gauche ne les a jamais dérangés […] Mais c’est ainsi, il faut comptabiliser mon temps de parole», déclarait-il.
Sur le même sujet, Eric Zemmour avait accusé, sur le plateau de CNews deux jours plus tôt : «Les politiques sont tellement lâches qu'ils se cachent derrière [le CSA] soi-disant indépendant, qui n'est absolument pas indépendant et qui est soumis à toutes les pressions, de gens d'En marche, du gouvernement et d'Emmanuel Macron.»
«Bien sûr que j'accuse sans preuve, oui, j'ai aucune preuve, mais c'est un fait. Je dis d'où ça sort. On voit bien d'où ça vient, donc oui, j'accuse, j'accuse ces gens de vouloir me faire taire», avait-il poursuivi.