Chaos au Stade de France : «Un échec» pour Lallement, qui maintient les chiffres donnés par Darmanin
- Avec AFP
Le préfet de police de Paris a reconnu devant le Sénat que la gestion policière autour de la finale de la Ligue des Champions Real Madrid-Liverpool le 28 mai était «à l'évidence un échec», mais assumé le chiffre de 30 à 40 000 billets non valides.
Après les incidents et les agressions au Stade de France le 28 mai en marge de la finale de la Ligue des Champions entre Liverpool et le Real Madrid, le préfet de police Didier Lallement était auditionné au Sénat le 9 juin. «C'est à l'évidence un échec», a-t-il déclaré, mentionnant les personnes «bousculées ou agressées [et] l'image ébranlée» de la France, devant la commission des lois de la chambre haute.
«C'est une blessure pour moi», a ajouté Didier Lallement. Le préfet de police a dit «assumer complètement» le chiffre de 30 000 à 40 000 personnes sans billet valide, tout en soulignant qu'il n'a «jamais prétendu que ce chiffre était parfaitement juste».
« Le chiffre n’avait pas une vertu scientifique mais simplement la remontée d’une information. (…) Peut-être je me suis trompé dans le chiffre donné au ministre, mais jamais je n’ai prétendu que ce chiffre était parfaitement juste », Didier Lallement, préfet de police #Sénatpic.twitter.com/YIhwkv6pyU
— Public Sénat (@publicsenat) June 9, 2022
Cette estimation, reprise par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, est contestée par les Britanniques, la presse et de nombreux observateurs.
Gérald Darmanin avait expliqué après la rencontre sportive que «30 000 à 40 000 supporters anglais se sont retrouvés au Stade de France, soit sans billet, soit avec des billets falsifiés».
Si Didier Lallement a reconnu qu'il s'était «peut-être trompé» sur ce chiffre, qui n'a pas de «vertu scientifique», il a insisté sur le fait que ces 30 000 à 40 000 personnes n'étaient pas aux stricts abords du stade. «On n'a jamais compté 30 000 à 40 000 personnes devant les portes du stade, on les subodorait sur la périphérie de nos barrages, c'est-à-dire sur les arrivées», via les transports en commun, a-t-il souligné.
«Jamais je n'ai prétendu que ce chiffre était à quelques milliers parfaitement juste mais il me paraît totalement refléter ce qu'était la situation», a ajouté le préfet de police.
Le préfet se dit satisfait qu'il n'y ait eu aucun blessé grave et aucun mort
Didier Lallement s'est néanmoins satisfait que «le match se tienne et surtout qu'il n'y ait aucun blessé grave et aucun mort».
Le préfet a exprimé ses «regrets sincères» aux supporters britanniques et espagnols et les a encouragés à porter plainte, ce qui est possible depuis le 6 juin en téléchargeant un formulaire sur le site de l'ambassade de France au Royaume-Uni.
«Les forces de sécurité intérieure n'étaient pas chargées du contrôle des billets» au niveau du pré-filtrage à la sortie des transports en commun, a-t-il relevé, soulignant «la responsabilité de l'organisateur».
«Avec l'arrivée tardive et massive, ce contrôle s'est embolisé» à la sortie du RER D, a-t-il poursuivi, alors qu'il y avait une grève sur le RER B. Il a regretté que la préfecture de police n'ait pas disposé d'«informations précises» concernant les supporters de Liverpool.
Concernant l'usage de gaz lacrymogène utilisé par les forces de l'ordre sur le parvis du stade, le préfet a répété à deux reprises qu'il s'agissait du «seul moyen policier pour faire reculer une foule sauf à la charger», ce qui aurait été une «erreur grave». Il s'est dit «désolé» pour les «gens de bonne foi, il en existe», qui ont respiré ces gaz, mais selon lui «la doctrine du maintien de l'ordre» n'est pas en cause. Il a concédé «un problème de manœuvres».
«Les décisions prises» ont permis de préserver «l'intégrité physique des personnes et la tenue du match», a-t-il conclu.