Architecture de sécurité européenne : Macron veut tenir compte des craintes de Moscou sur l'OTAN
Réaffirmant le soutien militaire de Paris à Kiev, le président français a néanmoins souligné que la future architecture de sécurité européenne devrait prendre en compte les craintes, maintes fois énoncées par la Russie, quant à l'expansion de l'OTAN.
Au retour de sa visite à Washington, Emmanuel Macron s'est projeté, lors d'une interview diffusée le 3 décembre sur TF1, dans l'après-conflit en Ukraine. S'il estime que la question des frontières dépend avant tout des Ukrainiens eux-mêmes et rappelle son soutien à Kiev, il souligne également que les craintes de Moscou doivent être prises en compte dans le cadre d'une nouvelle architecture de sécurité pour le continent européen.
«Il y a une chose qui dépend des Ukrainiens, c'est la question des frontières. Il y a une chose que nous devons préparer, et c'est aussi de cela que nous avons discuté avec le président Biden, c'est l'architecture de sécurité dans laquelle nous voulons vivre demain», a ainsi affirmé Emmanuel Macron, assurant que la «France et les Etats-Unis d'Amérique partagent la même vision des choses».
Si les livraisons d'armes de la France à Kiev vont se poursuivre, Emmanuel Macron n'entend pas pour autant rompre le dialogue avec Moscou. «Je reparlerai au président Poutine», affirme le président français, qui souhaite notamment faire le point sur la centrale nucléaire de Zaporojié, dont le site, sous contrôle russe, est la cible régulière de bombardements.
Au sujet des craintes émises à de nombreuses reprises par Moscou – et cela bien avant le lancement de l'offensive russe en Ukraine – quant à l'expansion de l'OTAN jusqu'à ses frontières, le dirigeant français estime : «Ce sujet fera partie des facteurs pour la paix, et donc il faut aussi le préparer : qu'est-ce qu'on est prêts à faire, comment nous protégeons nos alliés et les Etats membres, tout en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie le jour où elle reviendra à la table ?»
Emmanuel Macron ne remet toutefois pas en question le soutien de Paris au gouvernement ukrainien. «Dans les prochaines semaines, il faudra aider l'Ukraine à résister, les Ukrainiens à tenir, continuer à aider militairement, éviter l'escalade et donc intervenir très précisément pour protéger les centrales et préparer le dialogue pour le jour où tout le monde reviendra autour de la table», fait-il valoir.
Depuis le début de l'offensive lancée par la Russie en Ukraine, le président français a poursuivi le dialogue avec Moscou. Néanmoins, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a récemment nuancé la qualité des relations actuelles entre les deux gouvernements. Expliquant qu'Emmanuel Macron avait affirmé pendant deux semaines qu'il envisageait une conversation avec Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov a relaté : «Nous attendions son appel. Puis il a dit qu'il ne tenterait pas de le faire avant d'aller à Washington.»