Kiev : accusé d'être pro-russe, un chef religieux est placé en résidence surveillée pour 60 jours
Le métropolite Pavel, qui est à la tête des Laure des Grottes de Kiev, a été assigné à résidence par la justice ukrainienne qui l'accuse d'être lié à Moscou. Ce dernier a dénoncé un «ordre politique» et dit accepter son châtiment avec «calme».
La justice ukrainienne a placé sous résidence surveillée le chef religieux Pavel, qui est à la tête du monastère les Laure des Grottes de Kiev, rattaché au patriarcat de Moscou et visé par un avis d'expulsion. La décision a provoqué la fureur de dirigeants russes qui ont dénoncé des persécutions religieuses.
«Le juge d'instruction a décidé d'appliquer une mesure préventive sous la forme d'une assignation à résidence 24 heures sur 24 au suspect», a annoncé le tribunal de la capitale ukrainienne chargé de cette affaire. Et cela «sur une période de 60 jours dans le cadre de l'enquête préliminaire, jusqu'au 30 mai 2023», a-t-il ajouté.
Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent le religieux se faire poser un bracelet électronique. Il a par ailleurs interdiction de «communiquer avec des témoins dans le cadre de la procédure pénale».
Condamnation à Moscou
Kiev a ordonné, le 29 mars, l'expulsion des religieux de ce monastère qui est le plus célèbre et le plus ancien du pays. Mais les religieux refusent de partir. Selon les services ukrainiens, le SBU, Pavel aurait «justifié l'agression armée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine et glorifié ses participants» et «violé l'égalité des citoyens sur la base de leur appartenance raciale, nationale, régionale [et] de leurs croyances religieuses».
Ils violent l'orthodoxie sous nos yeux, ils s'en moquent sans cesse
«Il n'y a aucun motif... Je n'ai rien fait. Je sais qu'il s'agit d'un ordre politique parce que j'ai été menacé. Le Service de sécurité de l'Ukraine m'a appelé chez le directeur du musée. Il m'a dit qu'il fallait ouvrir un procès... Je sais de qui il s'agit, mais je ne vais pas m'en occuper, ce n'est pas mon style», a expliqué le métropolite dans une vidéo diffusée sur une chaîne Telegram ukrainienne.
Il a déclaré par ailleurs accepter son sort comme étant la volonté de Dieu, et dit qu'en tant que croyant, il acceptait toute la situation «de façon absolument calme et avec honneur». Précédemment, il avait déclaré que le monastère avait été fouillé.
«Ils disent que je soutiens l'agression de la Russie contre l'Ukraine. J'ai dit, je dis et je dirai : je condamne toutes les tentatives contre notre Etat et ce que la Russie [et Vladimir] Poutine ont fait est injustifiable», avait-il encore déclaré.
«Ils violent l'orthodoxie sous nos yeux, ils s'en moquent sans cesse», a dénoncé la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. «Le placement du métropolite Pavlo en résidence surveillée sur de fausses accusations est une conséquence naturelle, hélas !, de l'anarchie créée par le gouvernement ukrainien», a de son côté dénoncé dans un communiqué le responsable des relations avec les médias de l'Eglise orthodoxe dans la capitale russe, Vladimir Legoïda.