Russiagate : dans son rapport, un ancien patron du FBI étrille l’enquête des agents fédéraux

Russiagate : dans son rapport, un ancien patron du FBI étrille l’enquête des agents fédéraux© SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
L’ancien président des Etats-Unis Donald Trump lors d’un discours à Manchester, dans le New Hampshire, le 27 avril (photo d’illustration).
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Dans un rapport très attendu, le procureur spécial et ancien directeur du FBI, John Durham, estime que la police fédérale a «manqué d’objectivité» dans l’analyse des liens supposés entre l’équipe de campagne de Donald Trump et les autorités russes.

Le département de la Justice américain (DOJ) et le FBI «n'ont pas rempli leur mission de stricte fidélité à la loi» et «doivent reconnaître qu'un manque de rigueur analytique, des biais de confirmation et une trop grande confiance envers des sources liées à des opposants politiques ont empêché les enquêteurs de considérer des hypothèses alternatives et d'agir avec l'objectivité appropriée», a conclu le procureur spécial John Durham.

Dans son rapport de 316 pages, fruit de quatre années d’enquête et rendu public le 15 mai, John Durham pointe du doigt les errements des investigations menées par les agents fédéraux durant la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016. Celui qui allait devenir le 45e président des Etats-Unis était accusé par les démocrates de collusion avec Moscou. Des accusations qui l’ont poursuivi tout au long de son mandat à la Maison Blanche.

Durham épingle «l’attitude cavalière» de certains enquêteurs

Selon John Durham, lui-même ancien patron du FBI, l’agence washingtonienne se serait appuyée sur «des renseignements bruts qui n'avaient pas été analysés ni corroborés» pour lancer ses investigations et aurait ensuite manqué «d'objectivité» dans la gestion de ce dossier très politique.

Outre la faiblesse des éléments ayant initié l’enquête, John Durham reproche à la police fédérale d’avoir agi selon un système de deux poids, deux mesures. «La vitesse et la manière dont le FBI» a décidé d’enquêter sur Donald Trump «contraste avec l’approche adoptée précédemment dans une affaire sur une possible ingérence étrangère dans la campagne» de la candidate démocrate Hillary Clinton, énonce-t-il, en épinglant aussi «l’attitude cavalière» de certains enquêteurs.

John Durham fut chargé en avril 2019 d’examiner les origines de «l’enquête russe» du FBI, dans la foulée de la publication du rapport d’enquête de Robert Mueller. Cet autre rapporteur spécial, chargé par le DOJ d’enquêter sur les ingérences russes durant la campagne présidentielle, n’était pas parvenu à trouver de preuve étayant les accusations de liens supposés entre la Russie et l’équipe de campagne de Donald Trump.

«Le public américain s’est fait avoir», fustige Trump

Ce rapport, scruté par l'entourage et les partisans de l'ancien locataire de la Maison Blanche, n'a pas manqué de faire réagir ce dernier. «John Durham a conclu que le FBI n’aurait jamais dû lancer l’enquête Trump-Russie», a réagi Donald Trump sur son réseau, Truth Social. «En d’autres termes, le public américain s’est fait avoir», a ajouté celui qui brigue un second mandat en 2024.

Bien avant la parution de ce rapport d’enquête, le travail de John Durham et de ses équipes avait permis de démonter les allégations de collusion avec la Russie visant le milliardaire.

En mai 2022 s’ouvrait aussi le procès de Michael Sussmann. Accusé d’avoir caché ses liens avec la candidate démocrate, cet avocat de la campagne Clinton s’était rendu dans les locaux du FBI – huit semaines avant le scrutin présidentiel – afin de remettre des éléments censés étayer des liens entre l’équipe de Trump et la Russie. Bien qu’accablé par l’agent fédéral qui l’avait reçu, Michael Sussmann fut acquitté par les jurés.

Des «maladresses» qui «auraient pu être empêchées», concède le FBI

Même issue, quelques mois plus tard, pour Igor Danchenko. Cet analyste russe, inculpé pour faux témoignage après avoir menti au FBI à plusieurs reprises, était considéré comme la principale source des éléments sur lesquels reposait le «dossier Steele», dossier commandé durant la campagne par le camp démocrate à un ex-espion britannique afin de leur permettre de discréditer le candidat républicain s’il l’emportait. Cette enquête avait été rendue publique quelques jours avant l’investiture de Donald Trump en janvier 2017. Or, elle ne contenait aucune information vérifiée.

Suite à la parution du rapport de John Durham, le FBI a assuré dans un communiqué que «des dizaines d’actions correctives» avaient déjà été mises en œuvre par la direction. «Si elles avaient été en place en 2016, les maladresses identifiées dans ce rapport auraient pu être empêchées», précise l’agence fédérale.

De son côté, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov s'est déclaré ce 16 mai «non surpris» que le pouvoir judiciaire n'ait trouvé aucun signe d'ingérence russe dans les affaires américaines.

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