«Persécution» de l’Eglise orthodoxe ukrainienne : Moscou dénonce le silence de l'Occident
Dans un rapport, le ministère russe des Affaires étrangères accuse les Occidentaux pour leur absence de condamnation, leur reprochant d’«approuver» les mesures adoptées par Kiev à l’encontre de l’Eglise orthodoxe ukrainienne canonique.
Dans un rapport, publié ce 26 juillet, et portant «sur les actions illégitimes des autorités ukrainiennes à l’égard de l'Église orthodoxe ukrainienne, de ses prêtres et de ses fidèles», le ministère russe des Affaires étrangères tire à boulets rouges sur les chancelleries occidentales, mais également les instances internationales, Nations unies comprises.
Principal reproche de Moscou : l’absence de condamnation de leur part, suite aux multiples mesures prises par Kiev à l’encontre de l’Eglise orthodoxe ukrainienne canonique (UOC). «Il convient de souligner que les organisations multilatérales universelles restent en grande partie sourdes et aveugles face à la persécution de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique par le régime de Kiev», notent les auteurs du rapport. «Ils restent sans réaction face à la masse de renseignements et de rapports témoignant des violations massives des droits de l’homme en Ukraine», poursuivent-ils.
Sanctions et poursuites judiciaires à l’encontre de prélats de l’UOC, expulsion de moines, restriction d’accès pour les fidèles à leurs lieux de cultes, voire leur perquisition et saisie : les atteintes se sont multipliées ces derniers mois en Ukraine.
Pour Moscou, silence rime avec approbation
En effet, bien que l’UOC ait pris ses distances avec le patriarcat de Moscou suite à l’offensive russe en Ukraine, Kiev continue de l’accuser d’entretenir des liens avec la Russie. Des accusations qui permettent, notamment, à l’Eglise orthodoxe autocéphale d’Ukraine, fraîchement reconnue par le patriarcat de Constantinople, de faire main basse sur le riche patrimoine de l’UOC, selon le rapport.
«Les événements en cours en Ukraine s'inscrivent dans le contexte général de la crise systémique de l’orthodoxie à l’échelle mondiale, causés par la politique du patriarche de Constantinople, des États-Unis et d’autres pays de l’Occident encourageant les schismatiques», accuse le rapport. «Les autorités de Kiev et l’Occident cherchent à désunir les peuples russe et ukrainien, à détruire la fraternité spirituelle des fidèles orthodoxes des deux pays, sans prendre en compte la décision de l'Église orthodoxe ukrainienne d’être indépendante du patriarcat de Moscou», insiste-t-il.
En bonne place dans le document, figurent les mesures annoncées en décembre 2022 par Volodymyr Zelensky. Dans le but d’assurer «l’indépendance spirituelle de l’Ukraine», le locataire du palais Maryinsky avait alors décrété plusieurs mesures à l’encontre de l’Eglise orthodoxe canonique, dont un projet de loi visant à son interdiction pure et simple. Là encore, dans un silence de plomb en dehors des frontières russes.
Dans sa conclusion, le ministère s’en prend directement à Washington, où les membres de la Commission sur la liberté religieuse dans le monde (USCIRF) sont réputés pour leur promptitude à dénoncer les violations des droits des croyants à travers le globe. «Pendant la persécution des croyants orthodoxes en Ukraine, cependant, ils n'ont pas critiqué la politique destructrice de l'église de Volodymyr Zelensky, indiquant ainsi, apparemment, qu'ils approuvaient les actions illégales de leurs pupilles».