La Cisjordanie, cette autre bombe à retardement pour Israël
Une soixantaine de Palestiniens sont morts en Cisjordanie depuis le 7 octobre. La situation dans cette région occupée est très tendue, la population ayant manifesté son soutien au Hamas. L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas s'est dissocié des actions du mouvement islamiste, affirmant son rejet du meurtre de civils.
Si le conflit entre le Hamas et l'armée israélienne a déjà fait plusieurs milliers de morts depuis le 7 octobre, la Cisjordanie n'est pas épargnée par les affrontements. Depuis l'attaque du mouvement islamiste contre l'Etat hébreu, 58 Palestiniens de cette province occupée ont été tués, selon les chiffres du ministère palestinien de la santé rapportés par le média palestinien Wafa.
Wafa a annoncé ce 16 octobre la mort de deux Palestiniens, l'un dans un camp de réfugiés près de Jéricho, l'autre près de Tulkarem, suite à une blessure par balle reçue le 13 octobre. Si la Cisjordanie ne connaît pas les mêmes affrontements que Gaza, la région est aussi le théâtre de heurts entre Israéliens et Palestiniens.
Dans les villes de Naplouse, de Ramallah, d'Hébron ou encore de Jénine, plusieurs manifestations de Palestiniens ont eu lieu pour témoigner de leur soutien au mouvement du Hamas. D'ailleurs, l'organisation islamiste de Gaza, tout comme le Jihad islamique, peut compter sur des cellules dans plusieurs localités de la Cisjordanie. Au lendemain de l'offensive du Hamas, les sympathisants du parti sont descendus dans les rues habillés en vert en référence au mouvement islamiste.
La Cisjordanie au bord du précipice
En raison de la colonisation de cette province, les tensions étaient déjà plus que palpables, mais depuis le 7 octobre, elles sont montées d'un cran. Les attaques de colons israéliens, qui sont armés, ont augmenté dans plusieurs villes. Le 11 octobre, quatre Palestiniens ont été tués par des colons dans la ville de Qusra, selon le ministère palestinien de la Santé. Le 12, un jeune palestinien de 24 ans est décédé à Ramallah, «suite à une grave blessure par balle à la tête infligée par l'armée d'occupation», encore selon la même source. Cette dernière indiquait le lendemain que 9 autres Palestiniens étaient tués par les forces israéliennes à Naplouse, lors d'un rassemblement en soutien à Gaza.
L'ONG israélienne de défense des droits humains B'Tselem, regrettant également les 58 morts coté palestinien en Cisjordanie depuis le 7 octobre, a pointé notamment du doigt le comportement des colons, ainsi que «le plein soutien et même la participation» des soldats israéliens.
Le Fatah peine à calmer la situation
Malgré la perte de popularité du Fatah de Mahmoud Abbas, le leader de l'Autorité palestinienne a voulu se démarquer, réaffirmant son rejet de la violence. Lors d'un appel téléphonique le 15 octobre avec le président vénézuélien Nicolas Maduro, il a condamné les bombardements israéliens sur Gaza tout en rappelant que seules les décisions de l'OLP représentaient les aspirations du peuple palestinien, a rapporté Wafa.
Malgré cette volonté de se dissocier du Hamas, le Fatah peine à calmer la situation en Cisjordanie. Depuis plusieurs semaines, les heurts avec les colons, les propos des ministres du gouvernement de Netanyahou et la colonisation ravivent l'hypothèse d'une troisième intifada. En effet, depuis le début de l'année 2023, avant même l'éclatement du conflit entre Israël et le Hamas, pas moins de 240 Palestiniens avaient été tués par les forces israéliennes, selon les données de l'AFP. Un bilan qui risque de s'alourdir dans les prochains jours.