Gaza : violents combats autour des hôpitaux à Gaza, l'ONU appelle à l'arrêt du «carnage»
- Avec AFP
Les appels à la retenue se multiplient face à l'intensification des combats autour d'hôpitaux à Gaza, au moment où la guerre déclenchée par l'attaque meurtrière du Hamas en Israël le 7 octobre entre samedi dans sa sixième semaine.
De violents combats entre les troupes israéliennes et des combattants de l'organisation islamiste se sont poursuivis autour de l'hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza, le plus important du territoire, a rapporté un correspondant de l'AFP.
L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a également relevé samedi matin sur X qu'«au cours des dernières heures, les attaques contre l'hôpital al-Shifa se sont intensifiées de façon dramatique», et a évoqué une situation «catastrophique» à l'intérieur de l'établissement.
Le 10 novembre, le Hamas a fait état de 13 morts dans une frappe sur ce complexe où ont tenté de se réfugier des civils, comme dans d'autres hôpitaux du territoire. Citée par MSF, une infirmière de l'établissement, Maher Sharif, a décrit une «scène d'horreur». «J'ai vu des cadavres, y compris de femmes et d'enfants», a-t-elle dit.
Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a renouvelé le 10 novembre ses appels à un cessez-le-feu, soulignant que le système de santé de la bande de Gaza est «à genoux». «La situation sur le terrain est impossible à décrire: des couloirs d'hôpitaux où s'entassent blessés, malades et mourants, des morgues qui débordent, des chirurgies sans anesthésie», a-t-il témoigné.
«Aucune justification»
Le président français Emmanuel Macron a, lui, exhorté Israël à «cesser» les bombardements tuant des civils, dans un entretien à la BBC. «Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués.» Il n'y a «aucune justification» et «aucune légitimité à cela », a-t-il estimé.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, estime de son côté que «la responsabilité de tout tort fait aux civils incombe au Hamas», qui selon lui les utilise comme «boucliers humains » et qui a déclenché la guerre le 7 octobre.
Environ 1 200 personnes, en majorité des civils, ont péri à la suite de l'attaque sans précédent sur le territoire israélien perpétrée par l'organisation islamiste, selon un bilan révisé à la baisse d'Israël. Les bombardements menés en représailles par Israël ont depuis fait 11 078 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, parmi lesquels 4 506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Le ministère a appelé vendredi 10 novembre la communauté internationale à «intervenir immédiatement pour empêcher que les hôpitaux de Gaza continuent d'être ciblés» et a invité «toutes les institutions internationales » à se rendre à l'hôpital d'al-Shifa pour le «protéger».
«Tous les hôpitaux de la ville de Gaza ont été visés » par l'armée israélienne, a assuré à l'AFP le directeur de l'hôpital al-Shifa, Mohammed Abou Salmiya.
Sommet à Ryad
L'armée israélienne n'a pas commenté ces affirmations mais a affirmé qu'elle «tuerait» les combattants du Hamas «qui tirent à partir des hôpitaux» à Gaza. Elle a dit dans la soirée avoir éliminé «environ 150 terroristes».
Au total, 20 des 36 hôpitaux du territoire ne sont plus opérationnels, selon l'agence onusienne chargée de la coordination humanitaire (Ocha), alors même que le nombre de blessés croît quotidiennement.
Le 10 novembre, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, avait reconnu qu'il restait «encore beaucoup à faire» pour protéger les civils à Gaza. L'Arabie saoudite organise, elle, le 11 novembre à Ryad un sommet d'urgence de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), au cours desquels les dirigeants arabes et le président iranien devraient appeler Israël à mettre fin à son offensive à Gaza.
Pilonné sans relâche depuis plus d'un mois et soumis à un siège total, le petit territoire palestinien où 1,6 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés selon l'ONU est plongé dans une situation humanitaire catastrophique.
De plus en plus d'habitants se résolvent à quitter la ville de Gaza en ruines, où les denrées de base manquent. Israël a accepté de faire des «pauses» humanitaires quotidiennes pour permettre aux civils de fuir vers le sud du territoire, davantage épargné, via un «corridor». Celui-ci a encore été emprunté vendredi par 30 000 personnes malgré des « explosions » qui y ont fait des morts, selon l'Ocha.
Parmi ces réfugiés se trouvait Mounir al-Raï, venu de l'immense camp de réfugiés de Chati où, raconte-t-il, «des maisons s'écroulent sur leurs habitants» sous l'effet des tirs israéliens.
Arrêter le «carnage»
Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a appelé le 10 novembre à l'arrêt du «carnage» dans la bande de Gaza. «Raser des quartiers entiers n'est pas une réponse aux crimes odieux commis par le Hamas. Au contraire, cela crée une nouvelle génération de Palestiniens lésés, susceptibles de perpétuer le cycle de la violence», a-t-il déclaré.
Tsahal mène des combats acharnés contre le Hamas au cœur de la ville de Gaza, où se trouve selon elle le «centre» de l'infrastructure du mouvement palestinien, retranché dans un réseau de tunnels.
Depuis des années, Israël accuse le Hamas d'utiliser les hôpitaux pour mener des attaques ou cacher des tunnels, et les civils comme boucliers humains, ce que dément le mouvement.
Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que des snipers israéliens avaient tiré le 10 novembre sur l'hôpital al-Quds, parlant d'au moins un mort.
«Pas d'eau»
Des centaines de milliers de réfugiés sont désormais entassés dans le sud du territoire, dans des conditions désastreuses. «On n'a pas d'eau, pas de toilettes, pas de boulangerie», dit Oum Alaa al-Hajin, qui a trouvé refuge dans l'hôpital al-Nasser, dans la ville de Khan Younès, après des jours de marche. Le territoire est privé d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.
Pendant ce temps, des roquettes continuent d'être tirées quotidiennement depuis la bande de Gaza vers Israël, où des sirènes ont retenti vendredi à Tel-Aviv. Deux femmes ont été blessées par des éclats d'obus, selon les secours.
Israël est confronté «à plusieurs fronts», a déclaré le 10 novembre un porte-parole de l'armée, Richard Hecht. L'armée israélienne a annoncé avoir intercepté la veille trois drones qui se dirigeaient vers son territoire, et a frappé vendredi la Syrie après la chute d'un drone sur une école dans le sud d'Israël.
Elle a également indiqué «poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures» du Hezbollah au Liban, avec lequel les échanges de tirs sont quotidiens. Le mouvement pro-iranien a fait état le 10 novembre de la mort de sept de ses combattants tués par Israël.