Ukraine : sans l’aide militaire européenne la guerre prendrait fin «en quelques semaines», affirme Borrell
Lors d'une conférence à l'Université d'Oxford le 3 mai, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré que le conflit en Ukraine s’arrêterait «en quelques semaines» s’il interrompait les livraisons d’armes à Kiev.
«Je peux mettre fin à la guerre en Ukraine en quelques semaines, simplement en coupant l'approvisionnement» a déclaré le 3 mai le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, en conclusion d’une intervention à l’Université d’Oxford. «Si je coupe la fourniture d’armes à l’Ukraine, l’Ukraine ne peut pas résister. Ils devront se rendre et la guerre prendra fin», a poursuivi ce Vice-président de la Commission européenne.
«Mais est-ce ainsi que nous voulons que la guerre se termine ? Moi je ne veux pas» a-t-il enchaîné, assurant qu’«au contraire, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour apporter un soutien militaire et politique aux Ukrainiens. Une sortie qui n’a pas échappé à la porte-parole de la diplomatie russe. «Aveu grandiose ! Voilà toute la "formule de paix" : arrêter la fourniture d’armes par l’Occident au régime de Kiev», a-t-elle taclé sur sa chaîne Telegram.
Le chef de la diplomatie de l’UE s'est déjà prononcé pour la poursuite des hostilités en Ukraine par le passé. «Nous ne devons pas les laisser façonner notre politique à l’égard de l’Ukraine» avait-il lancé fin janvier dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire français L’Obs, visant les «tentations de conciliation» avec la Russie. Estimant ces dernières «erronées», Borrell avait appelé les chancelleries européennes à changer de paradigme «et passer d’un soutien à l’Ukraine "aussi longtemps qu’il le faudra" à un engagement à faire "ce qu’il faudra" pour que l’Ukraine remporte la victoire».
Bruxelles veut plus d’obus pour Kiev
Une déclaration qu’avait alors qualifiée d’«absolument monstrueuse» Maria Zakharova, estimant que cette seule pensée était «contradictoire avec l'essence du travail de diplomate». «Je ne connais pas d'autre exemple de régime qui affirme avec tant d'insistance qu'il exclut la voie diplomatique», avait ajouté la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Il y a près d’un an, le responsable européen avait déjà brandi la menace d’un effondrement de l’Ukraine en cas de fléchissement du soutien du bloc européen. «Si nous ne soutenons pas l'Ukraine, elle tombera en quelques jours», avait-il déclaré le 5 mai 2023.
Interrogé sur l’allocation d’un demi-milliard d’euros pour doper la production de munitions destinées à l’Ukraine, le diplomate avait défendu l’utilisation de fonds européens pour financer le soutien militaire à Kiev, concédant qu’une telle aide se faisait au détriment d’investissements plus utiles «au bien-être» des Européens.
Une opération qu’a d’ailleurs réitérée mi-mars la Commission européenne, toujours dans l'optique de doper la production de munitions au sein des Vingt-sept pour répondre aux besoins de Kiev. L’objectif a cette fois été relevé à 2 millions d'obus par an d'ici fin 2025.