Offensive à Rafah : Israël juge «très décevante» la suspension des livraisons de bombes par Washington
L'ambassadeur israélien à l'ONU a estimé ce 9 mai «dure à entendre et très décevante» la menace de Biden de cesser la livraison de certaines armes offensives à l’État hébreu en cas d'opération militaire d'ampleur à Rafah. Le dirigeant américain avait admis la veille que des civils avaient été tués «à cause» des bombes fournies par les États-Unis.
«C'est une déclaration très dure à entendre et décevante de la part d'un président à qui nous avons été reconnaissants depuis le début de la guerre», a déclaré ce 9 mai à la radio publique israélienne l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan. «Il est assez clair que n'importe quelle pression sur Israël, n'importe quelle restriction qui lui est imposée, même de la part d'alliés proches soucieux de nos intérêts, est interprétée par nos ennemis» et «leur donne espoir», a-t-il ajouté.
Dans une interview accordée à la chaîne CNN, diffusée la veille, Joe Biden avait pour la première fois menacé de suspendre certaines livraisons d’armes à Israël, dont les États-Unis sont le premier soutien militaire. «S'ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées [...] contre des villes», a affirmé le président américain, admettant que «des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes et d'autres manières dont ils s'en prennent aux centres de population».
Le 7 mai, un haut responsable de l’administration Biden, cité par AP sous couvert d'anonymat, avait annoncé la suspension par les États-Unis d’une livraison de bombes de 225 à 900 kilogrammes destinées à l’État hébreu. Selon le Wall Street Journal le 6 mai, il s'agirait de surcroît de bombes JDAM, guidées par GPS, capables de «pénétrer plus profondément avant d’exploser, jusqu’à 30 ou 50 mètres sous terre» et qui anéantissent «tout dans un périmètre de 800 mètres», comme le décrivait à la mi-octobre le journaliste américain Seymour Hersh. Des armes capables de provoquer un carnage dans des zones aussi densément peuplées que Gaza.
La décision américaine est justifiée par la crainte du lancement d’une offensive à grande échelle sur Rafah, dernière grande ville du sud de la bande de Gaza où plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés après sept mois de combats et de bombardements qui ont dévasté l’enclave gazaouie.
Israël «fera ce qu'il pense doit être fait», assure Erdan
«Si Israël est empêché d'entrer dans une zone aussi importante que le centre de Rafah, où il y a des milliers de terroristes, d'otages et les dirigeants du Hamas, comment l'objectif d'anéantir le Hamas est-il censé être atteint ?», a pour sa part lancé Gilad Erdan. Israël «fera ce qu'il pense doit être fait pour la sécurité de ses citoyens», a-t-il ajouté.
Au cours de son interview, Joe Biden a néanmoins précisé que Washington poursuivrait son soutien défensif à Israël. «Nous allons continuer à veiller à ce qu'Israël soit en sécurité en ce qui concerne le Dôme de fer et sa capacité à répondre aux attaques récentes en provenance du Moyen-Orient», a-t-il déclaré.
Reste que l'État hébreu peut encore compter sur ses alliés aux États-Unis. Comme le relatait le 7 mai le site Axios, plusieurs textes sont en préparation au Congrès des États-Unis afin de dissuader la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt à l’encontre des responsables israéliens, sous peine de lourdes sanctions.