Iran, Hezbollah, Hamas, normalisation avec Riyad : Netanyahou fait le point dans la presse américaine
Dans un entretien accordé au magazine Time et publié le 8 août, le Premier ministre israélien a notamment évoqué la lutte contre «l’axe terroriste de l’Iran», pour «éliminer un front si proche du cœur de notre pays». Il a également souligné que cette guerre contre le Hamas servait les intérêts de certains pays arabes.
«Le Hezbollah devrait y réfléchir à deux fois avant d’envisager d'ouvrir un front plus large en attaquant Israël», a prévenu le Premier ministre israélien dans un entretien exclusif au Time publié le 8 août.
Dans cette interview accordée au journaliste Eric Cortellessa, Benjamin Netanyahou a passé en revue toutes les problématiques du conflit à Gaza : les tensions accrues avec l'Iran, la probable riposte du Hezbollah, les relations avec les pays et les questions relatives à la colonisation et au futur d'un État palestinien.
Alors que la région retient son souffle en attendant la riposte iranienne à l’assassinat du chef politique du Hamas Ismaël Haniyeh, le 31 juillet à Téhéran, le Premier ministre israélien a souligné l’importance d’une large défense contre «l’axe terroriste de l’Iran», qui affecte aussi «tous les pays de la région, y compris nos partenaires arabes».
«Plus nous sommes forts, plus nos alliances sont fortes, moins il est probable que nous ayons à mener des actions militaires», a-t-il déclaré. Reprenant certains éléments de son discours ovationné au Congrès américain le 24 juillet dernier, le chef du gouvernement a qualifié la guerre en cours d’«existentielle». «Pas seulement pour notre défense, mais pour la défense de l’Occident et de la civilisation contre le barbarie», a-t-il ajouté.
«Si le Hamas déposait les armes, se rendait, s’exilait, la guerre serait conclue immédiatement»
De surcroît, un accord de cessez-le-feu est non seulement encore possible, mais «ses chances ont augmenté», selon Benjamin Netanyahou. Pour lui, la «pression militaire» exercée sur le Hamas dans la bande de Gaza permettra la libération des otages, mais aussi la destruction des capacités militaires du groupe et l’assurance qu’il ne gouvernera plus l’enclave.
«Je veux mettre fin à la guerre. Si je pouvais, je la terminerais demain. Et si le Hamas déposait les armes, se rendait, s’exilait, la guerre serait conclue immédiatement», a poursuivi Benjamin Netanyahou. Revenant sur sa vision de l’après-guerre dans l’enclave, le chef du gouvernement israélien a explicité la notion de démilitarisation, affirmant que la priorité était d’«empêcher le trafic d’armes et de terroristes depuis le Sinaï» égyptien.
«C’est pour cela que j’insiste sur le contrôle permanent du couloir de Philadelphie entre l’Égypte et Gaza», a-t-il déclaré, alors que la question est un point de contentieux avec Le Caire pour une avancée des négociations en vue d’une trêve. Pour le Premier ministre israélien, empêcher le Hamas de contrôler Gaza répond à deux objectifs : «éliminer un front si proche du cœur de notre pays» et «envoyer un message à tous les autres éléments de l’axe de terreur de l’Iran».
Concernant cette lutte contre le Hamas, Benjamin Netanyahou a souligné que «la défaite du Hamas servait non seulement les objectifs d’Israël, mais aussi les intérêts de paix et de sécurité de toute la région, qu’ils l’admettent ouvertement ou pas», sans citer les pays en question. «En tout cas, ils nous l’ont dit lors de conversations privées», a-t-il tenu à ajouter, tout en précisant qu'il n'avait pas abandonné l'idée de normaliser ses relations avec l'Arabie saoudite. Alors que le Parlement israélien a récemment rejeté l’idée de la création d’un État palestinien, le Premier ministre a résumé ainsi sa «vision d’un arrangement au long terme avec les Palestiniens» : «Ils auraient les pouvoirs nécessaires à se gouverner eux-mêmes, mais pas ceux qui pourraient nous menacer. En premier lieu, la sécurité.»
Netanyahou aurait aimé que l'Égypte ouvre ses frontières
Au sujet des pertes civiles à Gaza, le chef du Likoud a réaffirmé que l’armée avait pris des «mesures inhabituelles qu’aucune armée n’avait jamais prises dans l’histoire pour éviter les pertes [civiles]», établissant le ratio civils-combattants tués à «un pour un», soit «environ 15 000, ou plus», alors que le bilan actuel du ministère de la Santé local à Gaza se rapproche des 40 000 Palestiniens morts depuis le 7 octobre. Il a également critiqué implicitement le refus de l’Égypte d’ouvrir ses frontières pour accueillir les réfugiés gazaouis, indiquant que le nombre élevé de civils tués était surtout lié au fait que «Gaza était bloquée, parce que la population ne peut pas aller dans le Sinaï».
Concernant la problématique de la colonisation en Cisjordanie, le Premier ministre israélien a été clair : «Nous avons l’intention de rester ici. Nous ne commettrons pas plus de nettoyage ethnique contre les Juifs que contre les Arabes.»
Enfin, Benjamin Netanyahou est revenu sur les failles sécuritaires du 7 octobre. «Je n’ai jamais eu d’illusions sur le Hamas. Le 7 octobre a démontré que ceux qui disaient que le Hamas a renoncé à la guerre avaient tort. Je n’ai probablement pas assez remis en question cette hypothèse alors courante des agences de sécurité», a-t-il noté. Le chef du gouvernement israélien a en outre renvoyé à l'après-guerre l’examen de sa responsabilité, affirmant que ce serait une «erreur» d’ouvrir le sujet maintenant, alors qu’Israël est «au cœur d’une guerre sur sept fronts».